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samedi, mai 18, 2024
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Femme malgache : Reine sans couronne

Celle qui se bat pour le bien de sa famille.

Mars, le mois dédié au seigneur de la guerre romain. Il est aussi consacré aux femmes.  Celles qui se battent pour le bien de leurs progénitures, qui se cassent le dos pour satisfaire leurs maris. Oui, c’est pour les Athéna toujours au front. Contre vents et marées, elles ne lâchent pas prise. Au contraire, elles deviennent encore plus fortes face à l’adversité…

La culture malgache considère la femme comme une base sur laquelle l’homme dresse son pilier. Reny, littéralement mère, est la reine du foyer. Elle est avisée de tout ce qui se passe dans la maison. Elle sait combien de cuillères d’épices suffiront pour rendre le mets délicieux. Mama a tout enseigné pendant que Baba se contente de chercher de l’argent. Neny a un œil sur les enfants, alors que Dada rentre tard le soir tout étourdi… 

Elle est infatigable. Le visage démaquillé par  les braises de charbon de bois, les mains brûlées à porter les marmites, les pas alourdis en allant au marché. Elle pleure avec son enfant, lorsque celui-ci rate son examen, masse le dos de son conjoint en le soulageant parce qu’elle comprend que la vie est loin d’être rose. Donc, 1 jour sur 366 ne suffit pas pour célébrer son courage. Le monde doit être encore plus reconnaissant…

Coup dur

Toutefois, la Journée mondiale de la femme est mal interprétée par bon nombre de personnes dans la Grande île. Le slogan de la reine du Salegy, « laissez-libre femme gasy», est traduit de travers. Il y a une grande différence entre femme libérée et libertine, celle qui recherche avant tout les jouissances matérielles de la vie. Malheureusement, la plupart optent pour la seconde. Par conséquent, chaque année, des mères sont mises dehors par leurs époux au lendemain du 8 mars, bien qu’elles aient aussi leurs raisons.  La Journée mondiale de la femme est en effet une opportunité pour elles de crier, de témoigner des violences qu’elles ont subies durant les années de soumission. Force est de constater que selon la Direction de la population et de la promotion de la femme de la région Diana  en 2021, 70% des femmes à Antsiranana sont molestées par leurs conjoints. Effectivement,  elles ont su faire, pour ne pas dire qu’elles ont souffert… 

Par ailleurs, les petits obélisques sont dressés chaque année dans les villes et campagnes. Des carnavals sont organisés par les associations des  « viavy »  vêtues en tenue traditionnelle. Des conférences abordent le même sujet. Cela fait des décennies qu’on dessine le même  schéma. La situation reste inchangée.  Les choses se répètent de la même façon. Ô combien d’établissements sont inaugurés tous les 8 mars ? Ces écoles de coupe et couture, ces centres de formation en cuisine, la liste est longue. Actuellement, ces bâtiments se sont transformés en salle de réunion, voire des maisons hantées ! Une bonne sœur  fondatrice d’une école pour les filles  en difficulté   explique la raison, « Quelque part, il y a le manque de volonté. Je les écoute, je leur suggère des solutions afin qu’elles puissent entreprendre. Une fois que je leur donne du travail à faire, la salle est déserte. Et je vous assure que l’an prochain, elles seront encore là ».

L’entrepreneuriat féminin est une tendance de nos jours. Beaucoup font des témoignages, en inventant des vies pour impressionner leurs frangines. Celles-ci, sidérées du parcours turbulent de ces premières, s’efforcent de devenir des entreprenantes sans savoir que ces fausses prédicatrices, bien qu’elles soient mères célibataires, ne sont en fait que des héritières. Dorénavant, elles pourront tenter de réaliser des activités similaires à celles de leurs idoles qui se prétendaient pauvres au départ, et devenues des femmes influentes par la suite en misant toutes leurs économies. Résultat, c’est toujours le pauvre mari docker qui est frustré parce qu’en un seul claquement de doigts, madame veut se métamorphoser en une reine des affaires !

Celles qui renversent  la vapeur 

Le phénomène mama sauce a aussi pris de l’ampleur. Un terme à la mode. Une expression populaire prononcée dans les rues et couloirs qui se résument en succès, le féminisme par excellence ! Elle étale ses billets de banque sur la table dans le but d’inverser les rôles stipulés par la tradition orale malgache. Désormais, « C’est la femme qui paie ». Le sociologue Arsène Jaosenga avance son point de vue, « À vrai dire, ce geste est significatif. C’est pour dire que l’époque où l’argent faisait l’homme est révolue. Maintenant, c’est  nous,  les femmes qui tenons  les rênes. Nous sommes puissantes. Regardez ces espèces sonnantes, vous (les hommes) êtes impressionnés  en les voyant »…

En somme, la femme malgache  essaie de prouver qu’elle peut tout bousculer par n’importe quel moyen. Elle a ras-le-bol d’être oppressée par l’arrogance des hommes. Elle souhaite être quelqu’un(e) et non plus quelque chose. Ses droits, sa valeur ont été bafoués. Ce n’est pas étonnant si elle est sur ses gardes. 

Iss Heridiny

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