
Le programme de transfert monétaire Fiavota est un programme de filets sociaux de sécurité gouvernemental coordonné par le ministère de la Population, de la protection sociale et de la promotion de la femme, avec l’appui de partenaires techniques comme le Fonds d’Intervention pour le Développement et l’Office National de Nutrition, mais aussi des partenaires financiers tels que la Banque mondiale et l’UNICEF. Ce programme est en place dans le Sud du pays, plus précisément dans les régions d’Androy et d’Anôsy, depuis 2016. D’ailleurs, la raison pour laquelle Fiavota a été mis en place est la grande sécheresse qui a touché le Sud de Madagascar pendant cette période. Ainsi, le programme se fixe trois objectifs : stabiliser les revenus des ménages et améliorer les conditions de vie et le bien-être des habitants d’Androy et Anôsy ; parvenir à reconstituer les actifs des ménages et relancer leurs activités économiques ; et bien évidemment favoriser l’accès aux services de nutrition, la scolarisation des enfants à l’école primaire, sans oublier d’investir dans le développement humain. Pour atteindre ces objectifs, Fiavota consistait tout d’abord en un transfert monétaire non conditionnel, c’est-à-dire que les ménages bénéficiaires recevaient une somme mensuelle de 30 000 ariary, et ceci sans aucune condition.
Des mesures d’accompagnement

Si Fiavota a été lancé lorsque la crise de sécheresse a frappé le Sud, la situation s’est toutefois améliorée depuis. C’était donc l’occasion pour les responsables d’adopter une nouvelle stratégie, notamment en proposant des mesures d’accompagnement, qui vise cette fois la résilience de la population. Fiavota devient donc Transfert Monétaire pour le Développement Humain, un transfert conditionné cette fois puisque pour pouvoir en bénéficier, les ménages doivent envoyer les enfants à l’école ou avoir des activités génératrices de revenus (élevage, commerce, agriculture). Ainsi, un ménage recevra en plus du montant de 30 000 ariary, 10.000 ariary supplémentaires pour chaque enfant scolarisé. Il en est de même pour les fonds de redressement qui concernent la relance économique des ménages et les actions de sensibilisation, via la formation des mères-leaders, ou Reny Mahomby. Ce sont tous des dispositifs d’accompagnement visant l’autonomie et l’intégration économique et sociale de la population.
Toseke Vonjy Aigne à Beloha
Comme le district de Beloha a été classé en phase d’urgence (phase 4), le gouvernement malgache, en partenariat avec le Comité inter-agences des Nations Unies, a réagi rapidement en lançant un « Flash Appeal » concernant les initiatives humanitaires dans les deux communes affectées, à savoir Ikopoke et Beloha. Ainsi, 11 000 ménages vivant dans ces deux communes ont pu bénéficier d’un transfert monétaire de 70 000 ariary mensuels. A noter que cette somme arrive à couvrir les 50% des besoins calorifiques (minimum vital) d’un foyer composé de 5 personnes. Et lorsque cette intervention arrive à son terme, un financement à hauteur de 210 000 ariary est octroyé à chaque ménage afin qu’il puisse lancer un micro-projet.
Témoignages des bénéficiaires
En général, les bénéficiaires sont satisfaits. Ils ont expliqué que les programmes Fiavota et Toseke Vonjy Aigne leur ont permis d’envoyer leurs enfants à l’école, de se constituer un avoir, et de faire face à une éventuelle crise de sécheresse grâce à l’élevage ovin et caprin. En gros, ils se sont tous accordés sur un point : le transfert monétaire les a beaucoup aidés. Pour les habitants d’Amboasary, qui vivaient autrefois avec un maigre salaire de 20.000 ariary dans la vaste exploitation de sisal, l’arrivée du programme Fiavota est une véritable délivrance.
Le terme du programme
Le programme Fiavota va bientôt toucher à sa fin. Un projet qui a réussi à atteindre 5% des ménages en situation d’extrême pauvreté de 2016 à 2019. Interrogés sur la fin du programme, les habitants se disent confiants quant à l’avenir. Toutefois, on a quand même lu quelques inquiétudes sur les visages des bénéficiaires. Du côté de l’équipe de la protection sociale, l’objectif est de tripler les résultats et les zones de couverture dans cinq ans, c’est à dire atteindre 15% de la population des régions d’Androy et d’Anôsy. Mais cela reste un grand projet qui ne pourrait être réalisé sans l’appui et la contribution de tous les acteurs concernés. Quoi qu’il en soit, la situation dans le Sud ne peut rester éternellement comme cela, tous ces enfants et ces personnes méritent de vivre décemment, de manger convenablement, d’accéder à l’eau potable, de fréquenter l’école, et de connaître la sécurité.
Anja RANDRIAMAHEFA