L’un des principaux objectifs du Festival International du Film d’Amiens étant la promotion des films contribuant à l’expression de l’identité d’un peuple, d’une minorité ethnique ou à la connaissance d’une culture, le cinéma malgache, pour cette 36e édition, qui se tiendra dans le Nord de la France, à partir de ce jour jusqu’au 19 novembre, sera donc sous les feux des projecteurs.
Le réalisateur Dang Naht Mihn, le spécialiste des effets-spéciaux Douglas Rumbull ainsi que le cinéma malgache seront à l’honneur pour cette 36e édition du festival international du film d’Amiens. Du septième art, des réalisateurs méconnus et venus d’ailleurs alors que le festival est bien français.
« Le Festival international du film Amiens fut le commencement, que l’on peut qualifier d’historique, d’un autre regard porté sur les « images d’ailleurs ». Il fallait non seulement montrer ces images mais encore les comprendre de l’intérieur, éviter le néo-colonialisme culturel, la bonne conscience au rabais. C’est ainsi une œuvre colossale qui s’est mise en place, le Festival inventant les moyens pour non seulement diffuser les films africains, puis plus largement de l’hémisphère Sud, mais encore pour soutenir la production de ces films, intervenant dans la plupart des mécanismes de financement nationaux ou internationaux, inventant les siens propres ». Du 11 au 19 novembre, onze films, longs et courts métrages dont six de la nouvelle génération et cinq autres qualifiés de films de patrimoine, ayant marqué les débuts du cinéma malgache, seront diffusés au festival.
Zoom sur le cinéma malgache. Cette année, et dans les années à venir, deux chantiers nécessaires s’imposent au festival. Tout d’abord, la question de la sauvegarde et de la restauration des films, dans un contexte juridique parfois compliqué. Il faut aussi que chaque pays se réapproprie son propre héritage cinématographique : que les jeunes puissent voir ce que les anciens ont fait. Cette transmission est essentielle, et c’est là qu’un festival peut, encore et toujours, se rendre utile. L’autre chantier majeur, après une forme d’âge d’or des financements, serait d’identifier et de soutenir, la jeune création. C’est donc dans cette optique qu’Atlas a été créé. « C’est un atelier qui tente de fédérer des forces à travers le monde, pour accueillir les jeunes réalisateurs et les jeunes réalisatrices du continent. Cette rétrospective du cinéma malgache participe à cet état d’esprit. Elle met en avant, à travers onze films et dix réalisateurs, toutes les manières avec lesquelles on peut pratiquer le cinéma sur cet État insulaire : fictions, documentaires, cinéma d’animation. Surtout, elle crée le lien entre les films de patrimoine et ceux de la nouvelle génération. Kolosary Cinéma Malagasy est aussi une manière de saluer le travail de l’Institut français et de la Cinémathèque Afrique : les films de patrimoine sont restaurés à partir de leur fonds et sont largement diffusés, notamment en DVD. C’est un travail qu’il faut soutenir, et même encourager à aller encore plus loin. L’invité d’honneur, et parrain de cette rétrospective, est l’un des cinéastes malgaches les plus importants : Raymond Rajaonarivelo. Son premier film, Tabataba, est magnifique, tant par son sujet (de ceux qui nous ouvrent les yeux, qui nous parlent d’un ailleurs méconnu) que par la force de sa mise en scène. Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, il ouvrait la voie d’une cinématographie nouvelle. Sa présence bienveillante nous honore autant qu’elle nous enjoint de poursuivre longtemps ce travail de transmission ». Le Festival International du Film d’Amiens, pour les non-initiés, est la plus grande manifestation cinématographique du Nord de la France. Convivial et chaleureux, il permet à chacun de découvrir ou redécouvrir des cinématographies insolites, en marge des sentiers battus. Avec 400 films dont onze malgaches, le Festival accueille plus de 63 000 spectateurs en présence de plus de 450 professionnels du monde entier. Une grande aubaine pour le cinéma et les réalisateurs malgaches !
Mahetsaka