Le patronat malgache, l’Etat et la Fédération des Travailleurs malgaches sont enfin tombés d’accord sur le financement du Fonds malgache de formation professionnelle (FMFP) créé suivant la loi 2017-025. Ce fonds privé sera financé à partir des cotisations des entreprises à hauteur de 1% de la masse salariale brute.
Une conférence a été organisée hier à l’Institut français de Madagascar pour débattre de ce fonds de financement et d’en connaître davantage les modalités. Après les présentations respectives de Mireille Razafindrakoto, Economiste, Rohen d’Angleterre, chargé du Développement humain de l’AFD et Tiaray Andriamanana, Syndicaliste et Vice-président du Conseil d’Administration du FMFP, d’autres experts panélistes issu du ministère du tutelle, comme du patronat, ainsi que du Bureau international du Travail ont échangé avec le public, venu nombreux. Le marché du travail (à l’échelle mondiale comme à Madagascar) est aujourd’hui caractérisé par l’inadéquation de l’offre à la demande et d’une crise de l’apprentissage (des curriculum trop « quantitatifs » qui au final ne favorisent pas vraiment le développement des compétences de l’individu et encore moins son développement personnel). Partis de ce constat, la Fédération des Travailleurs malgaches de l’Etat (le ministère de tutelle) et des partenaires techniques et financiers tels que l’Agence française de Développement (AFD) ont décidé de créer il y a trois ans le Fonds malgache de formation professionnelle.
Concurrence et Formation. Après deux essais ratés de mise en œuvre, celui-ci sera enfin opérationnel le mois d’août prochain. Il servira à rétablir une meilleure connexion ou un dialogue social entre les employeurs (avec leurs attentes), les travailleurs (avec leur background) et l’Etat (avec sa réglementation et sa facilitation). En effet, selon Rohen D’Angleterre, Chargé du Développement humain à l’AFD, il y a effectivement « beaucoup de chômeurs à Madagascar contre beaucoup d’emplois qui restent vacants faute de candidature qualifiée. Le renforcement de capacités du personnel (au niveau interne) et le financement de la formation professionnelle dans le secteur privé sont devenus une tendance mondiale face aux mutations du marché du travail. Dans un contexte de plus en plus concurrentiel, les entreprises ont intérêt à former leur personnel pour avoir des ressources humaines plus qualifiées, plus productives et plus épanouies professionnellement. Seulement, la majorité des entreprises ne peut pas y mettre le coût ou craint de ne pas avoir un retour sur investissement.
30 000 travailleurs, 7 secteurs. Selon le Vice-président de son Conseil d’Administration, Tiaray Andriamanana, ce FMFP envisage de former 30 000 travailleurs- dans le formel pour le moment- par an et ambitionne de revoir à la hausse le nombre de salariés malgaches touchant le SME (168 026 Ariary). Notons par ailleurs que la collecte des cotisations des entreprises sera assurée par la Caisse nationale de Prévoyance sociale. Tiaray Andriamanana a reconnu que même si 93% des sources de revenus des ménages malgaches sont assurés par des métiers du secteur informel, le FMFP ne peut, pour l’instant que s’occuper du secteur formel. Toutefois, compte tenu du contexte malgache, la formalisation du secteur informel s’impose, donc cela fera partie à long terme des (potentiels) projets du FMFP. Sept secteurs ont été identifiés pour axer les formations, à savoir : le bâtiment, le développement rural, les nouvelles technologies, le textile et l’habillement, le tourisme et l’hôtellerie et l’équité. Pour finir son intervention, Tiaray Andriamanana a rappelé : « Le droit à la formation professionnelle est un droit de chaque travailleur, quel que soit son poste ; et c’est écrit noir sur blanc dans le Code du Travail. Nous, les travailleurs, devons être vigilants à l’application de ce droit ». De son côté, l’Etat « soupçonné» de se désintéresser de ce FMFP s’est voulu rassurant de par un responsable auprès du Ministère du Travail, Laza Eric R. : « Non l’Etat ne se désintéresse pas de ce fonds, nous nous y impliquons en jouant le rôle de facilitateur et de régulateur, notamment par la réglementation. » Le patronat quant à lui, à travers le représentant du GEM a reconnu que ce 1% de cotisation représente déjà un « énorme » effort de leur part : « Nous avons accepté, car nous voulions faire évoluer le marché du travail à Madagascar, toutefois nous devons être vigilants, car nous craignons – et c’est normal – qu’il n’y ait pas de retour sur investissement d’une part ; alors que les dispositifs de formation interne ont un coût onéreux d’autre part. »
Luz Razafimbelo