
La bande dessinée, les problèmes, les opportunités , tels ont été les thèmes discutés lors de la rencontre entre bédéistes hier à la librairie Mille Feuilles, dans le cadre du festival Gasy Bulles.
La rencontre entre dessinateurs dans le cadre du festival Gasy Bulles qui s’est tenue hier à la librairie Mille Feuilles, animée par Rindra Razafindrabe, Riri Kroutamby de son nom de scène, a permis de dresser un petit bilan sur le paysage de la bande dessinée à Madagascar. Dans la salle, des dessinateurs, tous crayons et papier en main, un éditeur, Jean Luc Shneider des éditions Des Bulles dans l’Océan, la libraire et des amis des bédéistes, tous fortement intéressés par cette discussion. Car avec une consommation à deux vitesses, les bédéistes ne savent plus vers qui se tourner : d’une part des bandes dessinées cartonnées, de grande qualité mais qui coûtent relativement chères, d’autre part des journaux qui coûtent très peu, mais avec un contenu discutable et une qualité moins bonne. « En réalité, c’est la culture de la lecture qui se perd. Les Malgaches ont de l’argent pour regarder un spectacle, mais ils ne veulent pas acheter des livres, encore moins une bande dessinée » explique Riri, très conscient des obstacles auxquels les bédéistes font face actuellement. Malgré cette réticence, l’engouement du public pour les journaux consacrés aux dessins donne une petite lueur d’espoir. « Outre ces journaux, qui connaissent tout de même un succès auprès des lecteurs, on a également sorti une collection « Fatapera mitsitsy » qui s’est vendue pas mal » continue Riri. « La presse peut donc être considérée comme une porte d’entrée de la BD », puisque d’ailleurs, il y a beaucoup d’illustrateurs qui travaillent et qui sont publiés par la presse.
Le talent ne suffit pas. Mais le vrai problème de la bande dessinée est le manque de projet. « Aujourd’hui, ce qui manque, ce sont les projets de BD. Il y a des planches, des dessinateurs, mais pas d’auteur de BD ». Et pourtant, les éditeurs, du moins étrangers et internationaux, sont là, puisque de toute évidence, il n’y a pas d’éditeur de bande dessinée à Madagascar. Jean Luc Shneider, éditeur, souligne que « le talent ne suffit pas. Il y a 90% de travail et 10% de talent. Il faut tout le temps se remettre en question, se cultiver et s’ouvrir au monde et continuer à travailler ». C’est d’ailleurs à force de persévérance et de travail que certains bédéistes malgaches ont pu signer dans cette maison d’édition. Pov et Swa, Tojo, Farahaingo, Rafally et bientôt Franco (également édité à l’Harmattan).
Anjara Rasoanaivo