Ses jours sont comptés. Honoré Rakotomanana se trouve dans le collimateur des sénateurs du parti au pouvoir.
Le torchon brûle et une crise institutionnelle s’annonce au Sénat. Avant-hier, le président Honoré Rakotomanana a été obligé d’interrompre la réunion des membres du bureau permanent au motif que ces derniers s’opposaient fermement au forcing sur l’augmentation faramineuse des fonds spéciaux du président du Sénat. D’après des indiscrétions, le montant de ces fonds spéciaux passe pour l’année 2017 de 20 millions d’Ariary à plus de 1 milliard d’Ariary. Les membres du bureau permanent de la Chambre haute ont opposé leur veto à cette augmentation pour la simple raison que le budget de fonctionnement de cette deuxième Institution de l’Etat risque d’en souffrir. Conséquence, rien ne va jusqu’ici à Anosikely pour la session budgétaire en cours. Avant-hier dans l’après-midi même, les sénateurs issus du HVM ont adressé une lettre au président de la République en évoquant l’article 24 de la Loi organique 2015-007 du 03 mars 2015 qui stipule : « Les membres du bureau permanent du Sénat sont élus au début de la première session pour la durée de la législature. Toutefois, ils peuvent être remplacés pour motifs graves par un vote secret des deux-tiers des sénateurs. »
Bénédiction présidentielle. Dans l’espoir d’être reçus dans les jours qui viennent par le président de la République, 23 sénateurs HVM ont convoqué la presse hier au Q.G du parti à Antanimena. Dans son intervention, le président du groupe Thierry Raveloson n’a pas abordé le malaise entre le président du Sénat Honoré Rakotomanana et les sénateurs du parti au pouvoir. Il s’est contenté de réitérer que les élus HVM à la Chambre haute continuent de soutenir le président Hery Rajaonarimampianina. Une déclaration qui a pour objectif de faire signe au chef de l’Etat que malgré leur ferme intention de se débarrasser de Honoré Rakotomanana, les sénateurs HVM restent toujours derrière lui. En fait, les élus du parti au pouvoir savent très bien qu’il faut le ralliement des sénateurs désignés par le chef de l’Etat pour que la destitution aboutisse. Or, ces sénateurs désignés ne pourraient pas agir sans la bénédiction de celui qui les a nommés. A rappeler que le HVM a pu faire élire 34 sénateurs. 31 ont signé la lettre adressée au président de la République. 3 sont encore absents de la Capitale, mais ils auraient déjà donné leur accord. Il reste donc à trouver 8 voix pour atteindre le nombre requis (2/3) par l’article 24 de la Loi organique 2015-007.
Instabilité. D’après nos sources, la majorité, pour ne pas dire tous, des sénateurs désignés roulent pour la destitution de Honoré Rakotomanana. Nos sources indiquent qu’ils vont eux aussi adresser une lettre au président de la République pour soutenir la cause des élus HVM. Indépendamment de l’issue de cette tentative qui a apparemment la chance d’aboutir, une crise institutionnelle s’installe au Sénat. Cette crise risque d’ouvrir la voie à une instabilité politique à l’approche du 16e Sommet de la Francophonie. Car ce n’est pas seulement la Chambre haute qui s’agite. Il en est de même au sein du gouvernement. Certains membres de l’actuelle équipe de Mahafaly Solonandrasana Olivier seraient actuellement dans le collimateur d’un groupe restreint qui dicte sa loi dans le pays. Ce groupe politiquement et surtout économiquement puissant gouverne Madagascar au mépris de la bonne gouvernance. En tout cas, malgré leur détermination à ne plus reculer dans leur entreprise, les sénateurs HVM ont lancé hier un appel au calme et à la stabilité. Ils ont martelé qu’ils sont toujours disposés à dialoguer avec les autres forces politiques qui réclament le départ du président Hery Rajaonarimampianina. A rappeler que le président du Sénat Honoré Rakotomanana fait partie des 21 sénateurs désignés par le président de la République. S’il a été élu au perchoir, c’est parce que son nom a été parachuté d’en haut lieu. Actuellement, les sénateurs HVM veulent changer. Ils voudraient que le futur président de la Chambre haute soit une personnalité élue, issue de leurs rangs.
R.Eugène
