Il profite de l’absence des textes régissant la précampagne pour mener des actions qui compromettent l’égalité des chances des candidats aux prochaines présidentielles.
L’inauguration du nouveau bâtiment de la perception principale dans le district de Beroroha (province de Toliara) a été pour le président Hery Rajaonarimampianina une occasion pour mener sa précampagne électorale aux frais de l’Etat. Une réalisation d’un peu plus de 200 millions d’ariary que le chef de l’Etat a mis dans ses actifs personnels alors qu’elle a été entièrement financée par l’argent des contribuables qui sont tous les jours confrontés aux problèmes de l’insécurité, de l’inflation et de la corruption des dirigeants. Hier, le président de la République a fait beaucoup de promesses à la population de Beroroha où les « Dahalo » ne cessent de terroriser les propriétaires des bœufs. Le chef de l’Etat est même allé jusqu’à défier les opposants à faire de même. Bref, il a prononcé un véritable discours de propagande. La seule chose qu’il a évité, c’est d’avoir prononcé les termes « Fidio aho » (votez pour moi). Quoi qu’il en soit, ce qu’il a fait hier dans le Sud ressemble à une véritable campagne électorale. Une campagne qui ignore la bonne gouvernance financière et où le futur candidat du HVM use des prérogatives de puissance publique.
Lacune juridique. Devant ces pratiques anti-démocratiques, la CENI (Commission Electorale Nationale indépendante) ne peut rien faire. Elle se cache derrière l’éternelle absence des textes régissant la précampagne. Alarobia n’a aucun pouvoir de sanction. Par ailleurs, le futur candidat du parti au pouvoir profite au maximum de cette lacune juridique pour enterrer l’égalité des chances à l’approche de l’élection présidentielle de 2018. Bon nombre d’observateurs avertis se demandent alors si l’on a encore besoin de cette CENI qui n’a ni le pouvoir des sanctions, ni le pouvoir de proclamer les résultats officiels des élections qu’elle organise. Alors que dans d’autres pays en Afrique, la commission électorale n’est pas seulement en charge de l’organisation des élections, elle a également pour mission de statuer sur certains litiges électoraux et de publier les résultats officiels de ces élections. A Madagascar, ces missions sont confiées à la Haute Cour Constitutionnelle dont la neutralité ne rassure plus les candidats. Ces derniers temps, les gestes du président de la HCC Jean Eric Rakotoarisoa laissent croire qu’il lui serait difficile de ne pas défendre l’intérêt du candidat du pouvoir.
R. Eugène