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mardi, octobre 15, 2024
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Histoire et musique : Tamatave, le portail de l’au-delà des mers, et ses sept vies

Le centre-ville de Tamatave rassemble les dessertes mises en place depuis des décennies, l’agencement des habitations en quadrature et l’apparition de la gabegie urbanistique.

La ville de Tamatave est maintenant incontournable dans le paysage musical malgache. Son histoire a été faite de contacts avec le grand monde. Le port a été la « Mecque » économique, source des rivalités claniques et régionales.

Si le Grand Port était un animal, il serait un chat. La « première » naissance de la ville, alors importante plateforme de la traite négrière, remonte au temps de Ratsimilaho. Les mulâtres, ou métisses, dominaient le Nord du futur royaume « Betsimisaraka », tandis que les futurs « Betanimena », mené par Ramanano, possédaient le Sud. La confrontation entre ces deux clans, sur fond d’intérêt stratégique et économique, allait définir le nouveau chapitre de la région.

De ce premier acte, issue d’une genèse guerrière entre le peuple « Betsimisaraka » baptisé ainsi par Ratsimilaho, et celui de Ramanano, naquit un des plus grands royaumes de Madagascar. La conquête unificatrice du groupe humain « Merina » a changé la donne. Accroissant encore plus la vente d’esclaves, avec les Européens et les Américains. Les navires et marins Betsimisaraka étaient alors réputés pour accomplir des razzias d’humains jusqu’en Afrique Centrale.

Les Français colons arrivent. La deuxième naissance se prépare avec la mise en place d’une première urbanisation, les prémices. Une nouvelle ville a été décalquée sur l’ancienne, le général Gallieni, conscient du potentiel économique du port le « modernise ». Tout en ajoutant des routes, des infrastructures administratives… Fin définitive aussi de la traite négrière. Se profile alors, par l’intervention de la nature, une troisième naissance.

En 1927, un cyclone ravageur détruit la ville. Sans épargner aucune construction, notamment le port. L’administration coloniale décide de reconstruire tout en neuf. La ville devient un vrai centre urbain. Équipée selon les normes adéquates pour bénéficier de ce statut. Les nouvelles infrastructures nécessitent de nouvelles mains-d’œuvre. Enseignant, employé de bureau, assistant en tout genre… des vagues de migrations d’agents qualifiés gagnent Tamatave.

Avec l’Indépendance, c’est le règne de la gabegie. Destinés par les colons à être des subalternes, avec la liberté, les Malgaches « tamataviens » se perdent dans la gestion de la ville. Au milieu des années 70, les constructions illicites et les quartiers populeux apparaissent. Les premiers clivages sociaux aussi. Le bourratif laisse place au qualitatif, le Grand Port reste pourtant la destination préférée des Tananariviens, depuis, la place a été ravie par Majunga.

Et dire que, vers le début du XVIe siècle, la Cité des Fleurs était le Grand Port attitré de Madagascar avant que Tamatave le détrône. Au milieu des années 70, des jeunes de la ville chantent et enregistrent des chansons avec « Kaiamba Production ». Histoire d’élargir l’horizon « trop tananarivien » de la production musicale moderne. Etienne Ratsiraka, proche de Didier Ratsiraka, et un rejeton d’une ancienne famille coloniale, De Comarmond, sont derrières les manettes.

Leur musique chamboule les barrières culturelles, entre le blues, le soul, la pop, un peu de terroir et le rock, cette génération marque l’ère du vinyle. Nouvelle naissance. Les tubes comme « Kotro-baratra », « Ino maresaka Tamatave »… se nationalisent. L’approche musicale également, plusieurs balades s’inspirent musicalement de ce « blues-soul Kaiamba » à l’âme lointaine, presque perdue. Tamatave a trouvé ses héros contemporains.

Une cinquième naissance arrive avec l’installation de Dynatec en 2005, et de Sherritt en 2007. Plusieurs nationalités débarquent. Argentine, brésilienne, canadienne, sud-africaine, japonaise, bengalaise, etc. la ville renoue le contact avec l’ouverture au monde. Cette nouvelle naissance est plutôt culturelle. Le Grand Port est loin d’être une fenêtre de l’au-delà des mers, c’est un grand portail.

La ville bouillonne, les demandes artistiques également. Des Argentins veulent voir du rock, des Brésiliens de la musique ensoleillée, des Allemands un peu de détente au calme… Danse contemporaine, slam, photographie, etc… entrent dans la dynamique. Ensuite apparaissent Mika & Davis, symbole de la génération post « Kaiamba ». Des contractions alertent de nouveau le paysage musical.

Finalement, Shyn s’impose. Denise rayonne. Le concours africain « Island Africa Talent » de 2014 la consacre gagnante. Voilà les super-références. Des rêves se forment chez les ados et jeunes filles de Tamatave. Ce couple y a eu une forte influence durant ces dix dernières années la musique. Tout le pays se trouve désormais derrière lui. Par ailleurs, la montée de la nouvelle génération, consciente de rapprocher les horizons, sonne une page qui s’apprête à se tourner.

Maminirina Rado

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