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lundi, mai 13, 2024
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Histoire : Le jazz malgache pas si velours que ça…

La mère d’Andy Razaf (à droite), l’immense jazzmen malgache (crédits photos : tanikomadagascar.com)

Le jazz malgache est loin d’être cette musique de velours d’aujourd’hui, une musique plutôt insufflée du vent de liberté recouvrant les colonies françaises dans les années 50. Des familles tananariviennes allaient déplacer les pions.  

Le Grand Hôtel Fumaroli d’Antaninarenina, un des lieux d’expression du jazz malgache dans les années 50 (crédits photos : www.musee-villele.re)

Dans les années 50, le jazz faisait ses premiers pas à Madagascar, à Antananarivo selon la mémoire populaire. Mais difficile de se fermer sur cette affirmation, puisque le nord et le sud du pays a aussi connu une période jazz dans son histoire musicale. Dans la capitale, quelques familles allaient mettre en marche le jazz malgache, la manière de jouer le jazz malgache, dans le pays et dans le monde. « Rabeson, Berson, Rahoerson, Andriamanoro, Rakotoarivony, Arnaud Razafy, Stormy… », ces familles allaient être définitivement rattachées à ce genre musical dans la Grande Île. Au début, ce n’était pas le jazz. Les cabarets et les animations à travers la Ville des Milles étaient leur territoire. Le mot est juste, difficile de rivaliser avec ce quorum familial. Il a réussi à placer assez haut la barre de la qualité et du jeu musical. Et le « bebop » fût. Un genre politisé, né à New York entre et 1950. Les afro–américains trouvaient une main mise trop « blanche » et commerciale sur le jazz. Ces derniers ont alors créé ce style pour le ramener dans son giron d’origine. Dans un Madagascar encore sous occupation française, le bebop a tout de suite trouvé ses aises. Comme l’a indiqué l’anthropologue allemand Martin Büdel, lors de son café–histoire au Musée de la Photo Anjohy en octobre, il y avaient « des propriétaires d’hôtel qui ne voulaient pas de malgaches dans leurs établissements ». Exemple parmi tant d’autres de l’histoire oubliée de la ségrégation et du racisme français qui étaient vécus par les « indigènes » dans la Grande Île. Tandis que la « libération » de juin 1960 commençait à se dessiner à l’horizon. La fibre de l’anti–ségrégationnisme soufflait dans ce nouveau style, le bebop. En 1961, les malgaches participent pour la première fois à un évènement international au festival de jazz de Nice Juan les Pins. Celui–ci a déjà vu passer sur sa scène les Charlie Mingus, Dizzy Gillepsie et d’autres « hall of famer ». Les années 70 arrivent, la main mise culturelle de la France se fait encore sentir. Deux membres de la famille Rabeson sont obligés de quitter le pays, Iariliva Rakotoarison dans son mémoire de 3ème cycle cite Jeannot Rabeson, « j’ai eu des ennuis en jouant du jazz à Madagascar à cette époque ». Un vrai décalage avec le cliché « musique classe », « musique de distinction sociale », « des salons huppés » du jazz dans la capitale. Le genre est devenu une musique révolutionnaire, symbole de liberté. Musique et jeux d’influence étant éternels, le terroir s’invite dans cette musique née aux Etats–Unis. Le jazz malgache est maintenant affirmé, les courants, variétés, musique d’antan ou « kalon’ny fahiny » … traversent le genre de toute part, elle se popularise. Inconsciemment mais surement, tout malgache a au moins une fois écouté des sonorités jazz dans la variété d’hier et d’aujourd’hui.

Maminirina Rado  

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