Éternel dernier de la classe
Même dans le classement du bon vivre en toute simplicité, Madagascar se trouve en queue de peloton. L’affaire est à prendre avec tout le sérieux d’un jésuite. Un récent classement de la production de bière en Afrique classe la Grande Île au rang de 93 sur 120 pays. Le « crime » est fait. C’est un camouflet à tous les tontons cools alcoolos de la famille, le gardien des traditions du pichet dans le bar du coin, les « proprios » de lieux de beuverie qui, avec le sourire d’un bienfaiteur, donnent le crédit pour deux ou trois bières. Selon les statistiques du cabinet d’analyse BarthHaas, une parole d’évangile, Madagascar n’aurait produit que 1,408 hectolitre de bière en 2023. Plus près, le Zimbabwe en a produit le double. Les champions sont l’Afrique du Sud et le Nigéria avec respectivement 35,100 et 17,729 hl. Pour prendre un pays du voisinage, l’île Maurice termine le classement avec 485 hectolitres. Le Mozambique en a produit 4,095. Le Rwanda – Paul Kagamé, le président de ce beau pays, a effectué quelques visites sous les cieux malgaches – en approvisionne 1,500 hectolitres à son peuple. En Egypte, pays musulman modéré ou non, nul ne sait, les 900 hectolitres sont largement suffisants pour ses 111 millions d’habitants. La nation la plus religieuse du continent, la République démocratique du Congo est un fidèle de l’orge pour 5,200 hl par an de bière mis sur le marché. Pour avoir une petite idée de l’affaire, un hectolitre équivaut à 100 litres. Pour Madagascar, la production annuelle pourrait remplir tout un gymnase comme le palais des Sports de Mahamasina de bouteilles de vin de messe de 75 cl. Il y a pourtant des efforts à faire, puisque la concurrence s’amenuise. Le Niger a fermé son usine de production de bière en 2018. Tandis que sur les réseaux sociaux, les internautes gabonais, guinéens, sénégalais… les plus fiers réclament justice, offusqués de ne pas voir leur pays en haut du classement. Chose étonnante, les Comores, la Réunion, la Libye… sont hors de ce classement. Ici, la fiabilité du cabinet d’étude pourrait être discutable, un espoir pour les 25 millions de Malgaches de grappiller quelques points de plus en cas de réclamation.
Maminirina Rado
