
Un sac et peu de retenue. Un sac à main qui vaut plus de 34 733 000 ariary (au taux du jour de la publication ?), cet accessoire pour femme a été le centre des discussions sur Facebook, dernièrement. Porté par une « personnalité publique », fille du président de la République Andry Rajoelina. Au-delà de ce battage où la haine a réussi à s’immiscer, les milliers de réactions et de commentaires des internautes ont fini de noyer toute tentative d’appel à la retenue d’une minorité pensant que toucher aux progénitures des hommes politiques est un jeu malsain. C’est sûr que tous les politiciens et politiciennes de ce pays, Mapar, Tim, Arema, M.M.M, etc. ne souhaiteraient pas voir leurs enfants devenir la risée des réseaux sociaux. La retenue politique devrait toujours être de rigueur. Au-delà de ce battage donc, s’affirme la vision du malgache du rapport argent-pouvoir. Chez presque tous les Malgaches, dès qu’un oncle ou une tante arrive à se faufiler jusqu’aux hautes sphères du pouvoir, il y a arrosage. Aucune retenue, dans un pays où la pauvreté extrême rime avec l’adage populaire « mila mafantatra olona », ou encore la question à un million de dollars, « tsy fantatr’ialahy angaha izaho ? ». Ce buzz du sac à main démontre que l’exercice du pouvoir ne peut désormais plus s’accompagner d’ostentation à Madagascar, c’est un constat à l’heure du numérique. Sauf peut-être s’il y a transparence. En Finlande, en 2021, la Première ministre a dû s’expliquer sur le montant mensuel de son petit déjeuner familial de 300 euros par mois. Au Danemark, les ministres doivent déclarer leurs « intérêts financiers », « activités rémunérées », « intérêts commerciaux », … sans parler des élus. Lutte contre la corruption oblige, dépenses publiques bien gérées, quelque part une volonté d’humaniser les dirigeants pour qu’ils ne se prennent pas pour des intouchables… Et au final, cultiver la confiance des dirigés envers leurs dirigeants. Ce n’est pas un idéal, cela se fait depuis des lustres dans ces pays.
Maminirina Rado