
La « mission » d’installer une structure flambant neuve à Anatirova, à l’architecture d’amphithéâtre grecque ou romaine antique, d’ici la fête nationale a réussi à raviver certains « démons » auprès des malagasy. En témoignent les réseaux sociaux, devenus un baromètre acquis du tempérament de la population. « Colisée ou pas Colisée, la vraie question n’est pas là. Elle demeure plutôt dans la discrimination ouverte et sans hypocrisie de la valorisation sans cesse du royaume d’Imerina à Madagascar », s’insurge un internaute averti.
Suivi de plusieurs commentaires, où le dangereux et ambigu schéma de l’archaïsme politique refait surface : « côtier / merina ». Et ces derniers temps, certains individus se plaisent à le remettre en avant. Si ces racistes de De Gaulle et de Gallieni étaient encore de cette époque, ils auraient dansé de joie jusqu’à l’aube à cause de toute cette ripaille nauséabonde du numérique suscitée par ce « colisée » d’Anatirova. Voilà un projet décrié, mais maintenant, commence à diviser. « Même si vous détruisez ce Rova, on s’en fout… l’urgence est ailleurs », une plainte mêlée de colère d’un « facebookers » du Grand Port. La ville martyre du Covid–19.
Donc, pour les malagasy des autres régions, cette affaire du « colisée » est à la limite strictement tananarivienne. Un levier pour une frange quelque peu arrogante de vociférer les « anti–colisée », et seuls les cieux savent si ces derniers sont nombreux. « Le Rova a toujours été là, sans aucun égard venant de vous, sans que vous y prêtez attention. Maintenant, quand on cherche à améliorer les choses, vous vous prenez pour ses plus grands défenseurs. Voilà la mentalité malagasy qui ne veut jamais évoluer », sermonne une internaute sur « facebook ».
Elle semble oublier, qu’« un patrimoine comme le Rova, c’est quelque part comme l’arbre à palabre, c’est comme le phare. Elle est là, on ne l’ignore pas mais on vit avec elle. On ne manque pas une fois dans la journée, de la retrouver dans notre champ de vision. Quand on fait un tour à la Haute Ville, on ressent cette sensation bizarre dès qu’on voit son portail, son toit, sa prestance. Et les tananariviens ayant un réel attachement à la cité croient sans motif valable, qu’elle restera là à jamais comme un symbole de l’éternité de la Ville des Mille. Y intégrer une autre structure, un objet nouveau, c’est comme chercher à ébranler cette éternité. C’est tout cela un patrimoine », répond un autre « facebookeur » illuminé.
Cette affirmation renchérit par un autre commentaire « en plus, c’est une structure complètement hors–sujet ». Ce qui est bizarre sur « facebook » c’est que, quand une affaire rend « furax » la majorité, elle ne reste pas longtemps un sujet sur lequel s’étaler. Plusieurs affaires semblent l’attester. Il n’a fallu que quelques semaines à Fana, le jeune homme malheureux, pour être rangé au sous–sol des oubliettes. D’autres y voient une résignation. « Il faut s’y faire, si nous ne pouvons plus rien faire ». Cette phrase se retrouve souvent sur les réseaux sociaux, face aux prix de l’essence, aux délestages, à l’insécurité, à la cherté de la vie, et face au chômage…
Maminirina Rado