Il est temps de mettre en œuvre un plan sectoriel de relance, selon l’économiste, car même avant la pandémie de Covid-19, Madagascar n’était pas encore autosuffisant en produits de première nécessité (PPN).
Cette situation peut s’expliquer de deux manières, selon Dr Rado Ratobisaona. D’une part, le tissu industriel de Madagascar n’arrive pas encore à fournir une production suffisante pour satisfaire les besoins de la population malgache. Les industries existantes offrent un prix non compétitif par rapport aux prix des biens importés pour diverses raisons. Elles n’arrivent pas encore au stade d’une production de masse bénéficiant de l’économie d’échelle. D’autre part, selon toujours Dr Rado Ratobisaona, les marchés régionaux tels que la SADC, le Comesa… auxquels Madagascar a adhéré, offrent nettement un avantage comparatif d’importer les PPN que de les produire localement. Cet avantage peut s’expliquer essentiellement par les coûts de facteurs de production (énergies, mains -d’œuvre qualifiés et capital) et la disponibilité des matières premières. Par conséquent, le dilemme entre produire localement ou importer devient une porte ouverte à la corruption et à l’impunité ces derniers temps.
Mesure nécessaire. Face à cette situation, l’initiative de l’Etat pour l’importation des PPN – surtout du riz – après la pandémie de Covid-19, contribue non seulement à rassurer les citoyens malgaches de la disponibilité des PPN, mais surtout pour maintenir un certain niveau de stabilité de prix, d’après les explications de l’économiste. « Cette initiative est, en effet, louable pour éviter un risque de crise sociale post-Covid, tout simplement parce que la crise sanitaire a fait baisser le temps de travail, dans tous les secteurs d’activité économiques surtout dans le secteur primaire et secondaire. Ce ralentissement des activités a nettement entraîné un niveau de production en dessous de ce que nous avons planifié et espéré », a-t-il indiqué.
Corriger les imperfections. L’instauration de SPM comme importateur direct de PPN montre que les dirigeants reconnaissent une réelle nécessité d’intervention de l’Etat sur l’économie. Pour le Dr Rado Ratobisaona, le mécanisme du marché n’arrive plus à stabiliser le prix à lui seul. Il ne parvient pas non plus à fournir les quantités en PPN demandées par la population. « L’anticipation d’un risque spéculatif sur le marché justifie cette intervention étatique. Le SPM permet, en effet, non seulement de réguler le prix, elle constitue aussi une incitation aux spéculateurs d’écouler leurs stocks immédiatement sur le marché. Le flux des échanges sur le marché des PPN s’accélère dans ce cas. La concurrence pure et parfaite reprendra à nouveau sur le marché », a-t-il expliqué.
Plan sectoriel de relance. Par ailleurs, l’économiste a émis quelques recommandations. D’une part, il a évoqué une incitation en toute transparence et un libre accès de tous les opérateurs économiques, désirant travailler avec le SPM pour la commercialisation de ces PPN. Selon lui, cette incitation limitera les tentations à la corruption et au favoritisme. Plus important encore, elle réduira la durée sur laquelle l’Etat devrait intervenir sur le marché des PPN. D’autre part, en parallèle avec cette opération d’importation massive de PPN, l’économiste Ratobisaona souligne l’importance de saisir la situation de la relance économique mondiale actuelle comme une opportunité pour les agriculteurs et les industriels malgaches de développer leurs capacités de production. « Sur ce, l’Etat doit, de manière urgente, accompagner les secteurs primaire et secondaire en leur fournissant les techniques de production modernes et innovantes. Plus précisément, l’Etat doit jouer son rôle de facilitateur à l’accès foncier, l’accès à l’énergie ainsi que l’accès aux équipements nécessaires et suffisants pour une production de masse », a-t-il soutenu. En d’autres termes, Dr Rado Ratobisaona recommande la mise en œuvre d’un plan sectoriel de relance, qui nécessite la mobilisation de ressources financières et humaines conséquentes, pour une meilleure coordination d’un défi d’autosuffisance en PPN à moyen terme.
Antsa R.
