Selon de récentes études (2015) menées par la chercheur économiste et statisticienne Mireille Razafindrakoto et ses collègues, 77% des jeunes Malgaches de 15 à 29 ans sont économiquement actifs et 8/10 d’entre eux travaillent dans l’informel.
De plus, les revenus des ménages malgaches proviennent à 83% du secteur informel et dans la moitié des 22 régions, seules 1,5% des entreprises sont formelles. Tous ces chiffres alarmants pour dire que pour faire évoluer le marché du travail malgache, considérer le secteur informel est donc incontournable. En effet, celui-ci, en dépit de toutes ses imperfections et ses irrégularités, représente 83% des sources de revenus des ménages malgaches. A titre d’exemple, le secteur formel ne représente que 7% du marché du travail, contre 10% pour l’Administration publique et donc, 83% pour le secteur informel dont 76% d’emplois « agriculteurs ». Pour assainir ce milieu et donner de meilleures conditions de travail aux employés malgaches, il faut ainsi prendre le secteur informel comme point de départ, et le reconnaître comme partie intégrante de l’économie malgache. Au lieu de s’évertuer à le traquer, le réguler, voire le sanctionner, les analystes socio-économistes estiment que, la démarche inverse s’avère plus intéressante pour le décollage économique du pays : il s’agit de la formalisation du secteur informel.
3 pistes de formalisation. Rome ne s’est pas faite en un jour, la formalisation du secteur informel ne se fera pas non plus d’un coup de baguette magique. Il s’agit d’un long processus, mais qu’il importe de commencer. Lors d’une conférence donnée à l’IFM jeudi dernier sur le « Financement de la formation professionnelle pour une meilleure intégration sociale des jeunes », Mireille Razafindrakoto a proposé trois pistes possibles de formalisation de ce secteur. Les jeunes étudiants, les particuliers, mais surtout les quelques dirigeants présents dans la salle semblaient l’avoir écoutée attentivement. En premier lieu, la mise en place d’une politique (nationale) de soutien au secteur informel en priorisant les jeunes et les femmes , a été avancée. Pourquoi ? Parce qu’ils sont les « forces motrices » de la nation. Vient en second lieu, la formalisation du secteur informel dont les modalités demeurent pour l’instant floues car nécessitant une analyse socio-économique approfondie et une adéquation au contexte malgache, déjà que la « régulation » du secteur formel est -elle déjà problématique. En dernier lieu, ces chercheurs ont proposé de changer de point de vue : se détacher de la dichotomie entre l’informel et le formel, mais chercher plutôt à établir, améliorer la connexion entre ces secteurs, indissociables de l’économie malgache. Effectivement, un marché de travail assaini, plus compétitif et « équitable » permettrait à Madagascar d’atteindre l’Objectif du Développement durable huit relatif au travail décent. Entre autres, la formation des travailleurs de l’informel en « business literacy », ou en des termes plus simples en « sciences » basiques du business et du management telles que la Comptabilité, les Finances, la gestion des ressources humaines, etc.
Luz Razafimbelo