Les femmes dans tout le continent africain ont célébré, le 31 juillet dernier, la journée internationale qui leur est consacrée depuis 1962. Madagascar n’est pas en reste. Même si la pandémie de Covid-19 a grandement perturbé leurs vies et leurs agendas, la cause qui rassemble toutes les femmes africaines c’est la lutte pour une meilleure représentativité des descendantes d’Eve dans les instances de prise de décision. A ce jour, certains pays africains à l’instar du Rwanda ont largement pris le devant dans ce domaine. Ce pays a en effet réussi à se hisser au premier rang mondial de cette représentativité des femmes au parlement selon un classement de l’ONU, avec 63% des femmes à l’Assemblée nationale en 2017. Le pays a adopté une série de lois pour favoriser la parité et la place des femmes dans le débat politique. Cette présence des femmes se retrouve au Parlement, au Sénat et aussi au sein du gouvernement. Elles sont aussi près de 40 % dans les sphères judiciaires et dans les administrations locales. Cela a d’ailleurs permis de réelles avancées dans la cause des femmes rwandaises, comme la réforme de l’héritage, qui place les filles sur le même pied d’égalité que leurs frères, ou encore en matière de droit à la propriété foncière.
Politique plus volontariste. Pour Madagascar, la représentation des femmes aux postes de décision reste à renforcer. Six femmes ministres contre 17 hommes composent actuellement le gouvernement Christian Ntsay. Le pourcentage des femmes élues maires en novembre 2019 a encore régressé pour passer de 5% à 3%, selon les statistiques officieuses. Et voilà encore que trois hommes viennent s’ajouter aux 14 hommes précédemment nommés gouverneurs, ce qui confirme cette tendance à écarter les femmes des postes à responsabilités. Les nombreuses femmes malagasy regroupées au sein du Conseil National des Femmes de Madagascar (CNFM) refusent de croire que cette situation est inéluctable. Elles souhaitent une politique plus volontariste d’égale représentation des femmes et des hommes à Madagascar. De ce fait, la nomination de femmes aux cinq postes de gouverneurs qui restent à pourvoir pourrait constituer un premier geste fort dans ce sens. Enfin, le CNFM lance un appel au gouvernement de ce pays sur la nécessité de la mise en application du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement, censé justement « prévoir la responsabilisation des femmes, éliminer la discrimination et réaliser l’égalité et l’équité entre les hommes et les femmes par le biais du développement ».
Recueillis par Dominique R.