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jeudi, juin 19, 2025
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Kidnapping à Madagascar : Les enfants victimes contraints à l’exil

Les messages de soutien des amis d’Arnaud pendant sa séquestration.

« Oui, la famille n’avait plus d’autres options que l’envoi à l’étranger de notre enfant après sa libération du kidnapping» nous a témoigné Bezandry Annie, la mère d’Arnaud Razafinarivo, un adolescent qui a été enlevé et séquestré en décembre 2015, dans la capitale du Betsimisaraka. Un secret qu’elle a finalement décidé de nous révéler un an après le départ de son fils, surtout lorsque ce dernier se trouve en lieu plus sûr, en dehors du territoire malgache. « Avec l’insécurité qui sévit partout dans l’île, tout peut arriver à tout moment et la possibilité qu’un tel acte pourrait se reproduire n’est pas à écarter » a-t-elle déploré, justifiant ainsi le choix de l’exil de son fils. Via sa mère, le jeune Arnaud a pu s’exprimer sur sa vision de la chose. « Les enfants doivent être épargnés des acharnements des grands sous quel que soit le prétexte, familial ou socioprofessionnel » s’est-t-il expliqué quant à la question sur le sentiment dont il ressent après tout ce qu’il a enduré. Dans la foulée, il trouve que « les enfants ne doivent pas être utilisés comme des appâts ou pire encore des objets de chantage (…) cela n’aidera en aucun cas à l’amélioration de la société et nuit à son développement (…) les enfants ne choisissent pas d’être issu de famille riche ou pauvre et aussi ne choisissent pas leur couleur (…) qu’on arrête de prendre des enfants comme des cibles des enlèvements (…) ils ne méritent pas des punitions de la sorte ». Fan de la célèbre équipe de Barca, Arnaud ambitionne d’intégrer plus tard une académie de sports en Espagne pour suivre la route des grands champions en football. Son cas n’est pas isolé. La décision de quitter Madagascar après la mésaventure de kidnapping affecte aussi d’autres familles. En février dernier, à Ambatobe, un ressortissant français d’origine indienne et son fils de cinq ans ont été victimes d’une embuscade. Ils ont faillis laisser leurs vies après des tirs nourris par des gens armés. Il a fallu une évacuation illico presto à l’Île Maurice pour sauver les vies du père et de son fils. Les renseignements policiers avancent qu’ils étaient ciblés par des kidnappeurs. L’acte se serait mal tourné lorsque le père a riposté en prenant la fuite malgré les intimidations par des armes à feu. Les deux continuent leurs traitements dans un établissement de santé à l’île sœur et ne sont pas prêts à revenir au pays, a-t-on appris. L’escalade de violence envers les enfants ne s’arrête pas à ces récits. En août 2016, le jeune Fahranne Houssenaly a été abattu par des tirs nourris sous les yeux de son père, à Besarety. Cette série de violences contraignent les parents à prendre la solution la plus sûre qui est l’exil de leurs enfants déjà victimes de kidnapping. Depuis 2010, 90 individus dont des enfants ont été victimes de ce genre de crime. Le kidnapping inquiète au plus haut niveau les parents, surtout ceux qui ont leurs enfants dans les écoles françaises. Bien que répétitif, aucune mesure préventive n’est pourtant adoptée au niveau des autorités. Pire encore, on renvoie parfois le tort aux familles des victimes pour leur refus de collaborer à l’aboutissement des enquêtes. Sous la pression des malfrats, les proches des victimes préfèrent suivre les consignes des assaillants et ignorent les autorités policières. Une situation que la direction de la police judiciaire déplore comme un blocage à leurs investigations. De sa part, le Collectif des Français d’Origine Indienne à Madagascar (CFIOM), après le kidnapping d’un adolescent du nom de Firoze Nourbhay, 11 avril dernier déclare que « la ligne rouge a été franchie (…) les criminels s’en prennent aux enfants (…) le collectif lance un appel solennel au gouvernement malgache et à la communauté internationale pour stopper l’escalade de violence envers les enfants ». Considéré parfois comme un règlement de comptes entre les membres du cercle mafieux ou encore entre les membres des communautés religieuses, l’enquête sur les kidnappings est parfois renvoyée au second plan et ne figure pas parmi les priorités du pays. Les enfants victimes, après leurs libérations, ne bénéficient d’aucun soutien. Leurs familles prennent tout en charge, même les traitements pour les rétablissements psychologiques. Raison pour laquelle, la plupart préfèrent se tourner vers la solution la plus facile et sûre qu’est…l’exil.

recueillis par D.R

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