A dix jours de la célébration de la fête nationale, on peut compter sur les doigts des deux mains les maisons pavoisées aux couleurs nationales. Depuis 1960, année de l’accession de Madagascar à l’Indépendance, c’est la première fois que l’on constate un pareil manque d’enthousiasme au sein de la population. Signe des temps ou déception passagère, cette véritable apathie est la manifestation d’un désintérêt des citoyens pour les affaires nationales.
La lassitude de la population avant le 26 juin
Il est loin le temps où les Malgaches se préparaient avec un certain entrain à célébrer la fête de l’indépendance. Aujourd’hui, nos concitoyens ne semblent plus éprouver cette allégresse qui régnait durant le mois de juin. Le climat ambiant ne prête pas à la joie. La situation politique et l’environnement économique découragent toute envie de réjouissance. Cela donc se reflète sur les attitudes des uns et des autres. Avant, arborer le drapeau malgache bien avant le 26 juin était un symbole de fierté. Cette année, cette fierté semble être en berne comme les façades des maisons de la capitale. Ce n’est pourtant pas faute pour les autorités d’essayer de ranimer la flamme du patriotisme. Mais il s’agit d’un sentiment de lassitude qui a gagné la population. Cette dernière ne semble pas convaincue par les exhortations de ses dirigeants qui veulent les convaincre de leur volonté de réussir. Les podiums, le carnaval, les rues condamnées avant les fêtes lui procurent même un sentiment d’exaspération. Ils lui procurent beaucoup plus de tracas que de joie avec ces embouteillages à n’en plus finir et cette probable recrudescence de l’insécurité lors des rassemblements. Les étrangers de passage dans la Grande Ile ne manquent pas de faire remarquer que les Malgaches sont aujourd’hui totalement désabusés et qu’ils le cachent derrière des sourires contraints. Le régime en est bien conscient, mais il préfère ne pas en tenir compte et il espère pouvoir reconquérir une opinion devenue indifférente. Il faudra bien qu’il se remette en question pour y arriver.
Patrice RABE