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lundi, mai 12, 2025
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Les travailleurs de l’ombre – Pierre Gony, fondateur et directeur de Rugby Terres en Mêlées « Le talent n’est qu’une toute petite partie de la réussite d’un sportif »

Midi Madagasikara : « Pourquoi vous vous lancez dans le rugby à Madagascar ? »

Pierre Gony, fondateur et directeur de rugby terres en mêlées : « Originaire de Toulouse, j’ai grandi dans une région où le rugby est le sport roi et fait partie intégrante de notre culture du Sud Ouest de la France. Depuis mon plus jeune âge, j’ai donc grandi avec la passion du ballon ovale et de ce sport aux valeurs nobles et aux contacts rugueux… Je me suis construit avec les valeurs du rugby et grâce aux rencontres et voyages qu’il m’a permis de vivre. J’ai retrouvé à Madagascar cette culture rugby et une passion exceptionnelle qui animent des milliers d’enfants et de jeunes qui ne souhaitent que jouer et progresser pour atteindre les sommets : l’équipe nationale des Makis ! Le rugby à Antananarivo est plus qu’un sport, c’est une raison de vivre pour les jeunes des quartiers défavorisés. Pourtant, il reste un sport très peu pratiqué dans le reste du pays et c’est là que nous intervenons avec l’association Terres en Mêlées. Pour ma part, j’ai la chance et le privilège d’avoir pu consacrer toute la première partie de ma vie à la pratique puis maintenant à l’enseignement et à la diffusion des valeurs universelles que porte ce sport »

M.M. : « Parlez-nous de ce parcours sportif que vous avez vécu »

P.G. : « J’ai pratiqué le rugby de l’âge de 5 ans à 13 ans puis j’ai arrêté car je voulais passer plus de temps avec mes amis du quartier qui eux ne pratiquaient pas de sport. A l’adolescence, j’ai donc commencé à avoir des problèmes de comportements et mes fréquentations n’étaient pas bonnes. Au collège, ma scolarité a été entachée par une exclusion définitive et je me suis retrouvé en échec scolaire et j’ai commencé à perdre pied et me mettre dans des situations dangereuses à cause de la drogue et de l’influence de mes fréquentations peu recommandables. En changeant de collège, j’ai ensuite rencontré un éducateur de rugby qui m’a redonné envie de reprendre le rugby en club et m’a proposé de passer les tests d’entrée au Stade toulousain. J’ai donc accepté cette main tendue et réussi les tests qui m’ont permis d’intégrer à 15 ans un des meilleurs clubs de rugby au monde et de réaliser mon rêve d’enfant: devenir sportif de haut niveau. Cette rencontre a donc été déterminante dans mon parcours de vie et lui a donné une nouvelle trajectoire. J’ai depuis ce jour découvert le sport de haut niveau et gagné plusieurs titres de champion de France en tant que joueur puis j’ai choisi dès l’âge de 18 ans de devenir à mon tour entraîneur/éducateur pour donner la possibilité à d’autres jeunes de s’en sortir et de trouver dans ce sport des valeurs et un nouveau départ »

M.M : Que vous a apporté ce sport ?

P.G. : « Le rugby m’a donc permis de trouver ma voie et de canaliser ma violence et mon énergie tout en découvrant de nouvelles cultures grâce aux voyages que nous faisions lors des compétitions. L’ouverture, le dépassement de soi, le courage et l’esprit d’équipe sont les principaux enseignements que m’a apporté le sport de haut niveau et que je souhaite transmettre aux jeunes d’aujourd’hui. Don de soi, engagement, générosité, mixité, respect ».

M.M. : « Pour être un grand sportif comme vous, comment faire ? Le style de vie ? Le style d’entraînement, ce à quoi on sacrifie… »

P.G. : « Pour devenir sportif de haut niveau, j’ai du travailler dur, très dur. Le talent n’est qu’une toute petite partie de la réussite d’un sportif car il n’y a que par l’entrainement et la répétition des efforts et des gestes techniques que l’on peu devenir un champion. Pour être performant et avoir ma place sur le terrain, j’ai du m’imposer une hygiène de vie très stricte et renoncer à sortir et faire la fête avec mes amis durant plusieurs années (de16 à 24 ans). J’ai du renoncer à beaucoup de plaisir de la vie durant des années mais j’ai appris aussi à apprécier le gout de l’effort et du dépassement de soi. J’ai appris aussi à revenir des graves blessures et à croire en ma destinée dans les moments de doute et de douleur. J’ai découvert très jeune grâce au sport qu’avec la volonté et la foi, on peut réaliser des choses extraordinaires mais aussi que les échecs et les défaites sont très riches d’enseignements ».

M.M. : « Combien de temps sur terrain, combien de temps en salle, combien de temps en classe »

P.G. : « Mes semaines étaient très chargées environ 20h d’entraînements, 10h heures de salle et 10h de cours théoriques…En plus de ma pratique sportive, je passais en parallèle mes diplômes d’entraîneur professionnel qui me prenaient environ 20h par semaine. Ce qui m’a permis durant toute ma carrière de tenir le rythme et de garder ma passion intacte a été de voyager à travers le monde durant les périodes sans compétition. Le voyage et les rencontres interculturelles m’ont inspiré dans la création de Terres en Mêlées et en 2011 à l’âge de 26 ans j’ai mis un terme à ma carrière de sportif pour créer cette association d’éducation par le rugby et de solidarité internationale ».

 M.M. : Et Madagascar ?

P.G. : « A Madagascar, j’ai trouvé toute une nation, un peuple, une jeunesse et des partenaires qui m’ont donné l’envie de construire ce grand projet et j’ai aussi rencontré la femme avec qui j’ai fondé une famille et avec qui je partage ce rêve : Bâtir à Madagascar, le plus grand et ambitieux projet d’éducation par le rugby au monde et améliorer l’image de ce fabuleux pays à l’international pour que le tourisme ainsi que les échanges économiques et culturels puissent permettre à la jeunesse de vivre en paix. J’ai aujourd’hui 33 ans et même si ce rêve commence à peine à devenir réalité, j’ai la profonde conviction qu’à Madagascar tout est encore possible car j’ai rencontré des gens de tous bords, qui y croient et partagent cette vision optimiste et constructive. Alors maintenant il ne me reste qu’à encourager toutes celles et ceux qui aiment ce peuple et ce pays à rejoindre la planète ovale Terres en Mêlées sur le terrain de l’entreprenariat sportif, social et solidaire ».

Anny Andrianaivonirina

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