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Littérature : Poètes résistants de France et d’Afrique au XXème siècle

Jacques Rabemananjara

Tous les mouvements sociaux  de masse ( révolte, insurrection…) engendre une production artistique et littéraire  ( slogan, chant, poème…) . Les poètes résistants de France, durant la Seconde Guerre mondiale, écrivent des poèmes protestataires contre l’Occupation de leur pays par l’Allemagne nazie. Les poètes résistants d’Afrique écrivent des poèmes protestataires contre l’administration coloniale française.

Dans les colonies

A Madagascar, depuis les mouvements insurrectionnels, et les sociétés secrètes qu’étaient le Menalamba (1895) et VVS (Vy Vato Sakelika, en 1913), on a des textes protestataires contre la colonisation. Les mouvements littéraires de protestations bien connus sont : Mitady Ny very  (en 1934) et La revue des jeunes de Madagascar(1935). Mitady Ny Very est la défense et l’illustration de la culture malgache en langue malgache. Leur caisse de résonance est le journal Ny Fandrosoam-baovao (Le Nouveau Progrès) fondé par les poètes Jean Joseph Rabearivelo , Charles Rajoelisolo  et Ny Avana Ramanantoanina. Écrire en langue malgache, en cessant d’imiter les mouvements littéraires de la Métropole, est  un acte de résistant culturelle à l’assimilationniste coloniale française. La revue des jeunes de Madagascar est francographe (écrite en français). Elle est entièrement rédigée par de jeunes poètes et intellectuels : Jacques Rabemananjara, R. Rajemisa, Z. Ramboa, R.R. Raolison, L. Rahabarivo, ed. Ralaimihoatra, H. Messéant…Dans l’édito du n°1, il est écrit : « […] les Lettres, les Sciences, les Sciences sociales, l’Histoire et la Philosophie [tendront] à faire ressortir la personnalité de la nation malgache [dans] sa valeur intrinsèque ». Cette revue est la défense et l’illustration de la culture malgache en langue française. Elle est acte de résistance culturelle.

Paul Éluard

 Dans les deux Congo

Léopoldville (belge) et Brazzaville (français),dans les années 1920, les mouvements kimbanguistes (Simon Kimbangu, côté Belge) et Matsouanisme (André Matsoua, côté français) ont affirmé la personnalité congolaise, tout en essayant de s’autogérer. Ils ont produit une littérature abondante,  recueillie, transcrite et traduite du Kikongo au français par Martial Sinda, en 1961, dans sa thèse de doctorat, remaniée en  livre : Le messianisme congolais et ses incidences politiques (éd. Payot, 1972). Le kimbanguisme est aujourd’hui une puissante religion. On trouve même des kimbanguistes à Madagascar.

En Métropole

A Paris, les résistances régionales des colonies d’Afrique contre l’ assimilationniste coloniale française vont se regrouper sous le label de « Nouvelle poésie nègre et malgache de langue française » (anthologie-manifeste de Léopold Sédar Senghor en 1948), encore appelé « Négritude » (Aimé Césaire). La Négritude n’est pas soustraction mais addition. Elle est  la somme  de révoltes régionales d’ Africains, de « para-Africains » (mot de Rabemananjara)  et de Caribéens se plaçant à Paris sous la même bannière. Ainsi, Jacques Rabemananjara rejoint la Négritude, avec l’esprit de La Revue des jeunes de Madagascar. De même  Martial Sinda rejoint la Négritude, avec les idées de fils de chef matsouaniste.

Martial Sinda

Le poème Antsa que  Jacques Rabemananjara écrit clandestinement dans la  prison d’Antanimora au moment de l’insurrection malgache de mars 1947, peut être mis en parallèle avec le poème Liberté de Paul Éluard. Celui-ci est écrit clandestinement en 1942. L’un et l’autre chantent la liberté sur tous les tons, face à la patrie en danger. Éluard termine son poème par : « Et par le pouvoir d’un mot/ Je recommence ma vie/ Je suis né pour te connaître /Pour te nommer/Liberté. »Rabemananjara termine son poème par : « Île aux syllabes de flamme,/ Jamais encore ton nom/ ne fut plus cher à mon âme/[…] Madagascar libre ! Libre !!! ». Le poème  Tam-Tam, Tam-Tam-Toi  de Martial Sinda,  publié, en 1955, peut être mis en parallèle avec le poème Ce cœur qui haïssait la guerre  publié clandestinement  par Paul Éluard en 1943 . Les vers de leur première strophe sont éloquents : chez Martial Sinda : « Silence, / Silence toujours. / Ne parlons plus. / Ne crions plus./ Car nous ne sommes pas libres. / Car nous ne sommes plus chez nous. / Ô Afrique de Jadis ! / Ô Afrique domptée ! / Ô Afrique ohoéé ! Notre Afrique. »  ; chez Robert Desnos : « Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille ! / Ce cœur qui battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit ». Les deux auteurs remplacent  leur cœur de poète de la danse et de la contemplation par celui de poète patriote-guerrier.

Thierry Sinda

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