
« L’adoption de la loi relative au statut de l’opposition et des partis d’opposition entre dans le cadre de l’institutionnalisation du débat démocratique dans le pays entre régime et opposition », a soutenu Herilaza Imbiki, vice-président du Sénat. L’objectif étant, selon ce dernier, « de créer un équilibre et de respecter la pluralité des idées puisque la notion d’un État omnipotent n’existe plus ». Aussi, « le débat démocratique est érigé en règle dans le pays, et le droit d’opposition démocratique est un droit garanti par la Constitution comme la liberté d’expression », poursuit-il. Dans cette optique, « l’opposition a donc été inscrite dans les institutions de la République, notamment au parlement ».
Légitimité. L’opposition, quant à elle, a été critique sur ce nouveau texte. Les partisans de Marc Ravalomanana entendent boycotter le siège de chef de l’opposition et de vice-président de l’Assemblée nationale, qui, pourtant, leur reviennent tout naturellement à la Chambre basse. Mais les députés du parti Tiako i Madagasikara ne veulent pas occuper ce nouveau dispositif mis en place par la nouvelle loi sur le statut de l’opposition et les partis d’opposition. Ces derniers sous-entendent le nom de Marc Ravalomanana derrière leur manœuvre pour occuper le poste officiel de chef de l’opposition à l’Assemblée nationale, alors que le poste est désormais réservé à un parlementaire. La constitution, quant à elle, définit qu’un parlementaire doit être élu au suffrage universel direct. « Et la loi ne peut être contraire à la Constitution », précise Herilaza Imbiki, magistrat de carrière. D’ailleurs, « quiconque qui a participé à une quelconque élection ne peut aucunement se prétendre être un représentant du peuple ou jouir de la légitimité si cette personne en question n’a pas été élue au suffrage universel », poursuit-il.
Puissance publique. Le vice-président du Sénat note que le nouveau texte a mis en lumière des avancées majeures en faveur du débat démocratique. Dans cette nouvelle loi, l’opposition bénéficie de nouvelles prérogatives telles qu’elles sont édictées par les dispositions du texte. Le chef de l’opposition est à la fois vice-président de l’Assemblée nationale. De ce fait, « le chef de l’opposition officiel aura accès aux prérogatives de puissance publique, au contrôle des arcanes de l’administration, aux chaînes nationales ainsi qu’aux autorités », a soutenu Herilaza Imbiki. Le pouvoir du futur chef de l’opposition se trouve donc renforcé. Ce dernier fustige ainsi « la personnalisation du débat sur l’opposition, qui est un frein à l’avancement du débat démocratique dans le pays ». « Focaliser le sujet autour des intérêts subjectifs est un faux débat », enfonce-t-il.
Conjoncturelle. « Une loi ne peut être conjoncturelle, ni au service d’intérêts particuliers ni aux personnes particulières. Elle est faite pour être pérenne, quelque soit le régime en place », a soutenu l’ancien secrétaire général du ministère de la Justice. Tailler la nouvelle loi à la mesure des figures actuelles de l’opposition comme Marc Ravalomanana ou Hery Rajaonarimampianina, est loin d’être la motivation des législateurs qui ont confectionné le texte tant décrié par les partisans de ces derniers. Vont-ils alors jouer la politique de la chaise vide ? Alors qu’ils ont, à plusieurs reprises, réclamé de l’espace pour s’exprimer.
Rija R.