Le couple Macron fait bien vendre, mais arrêtons de nous gaver de leur succès, puisque de toutes les façons on ne peut espérer un quelconque changement dans les relations franco-malgaches. Les arrivées des pouvoirs socialistes au pouvoir dans l’Hexagone nous ont déjà assez échaudés. Un seul regret, tout de même, dans cette fournée actuelle d’hommes politiques en quête de pouvoir, il y a une ombre qui plane, au point de faire un point commun à presque tous, celle de Michel Rocard. Regret, parce que cette génération a été (de droite comme de gauche) influencée de près ou de loin par lui. La gauche a loupé la «deuxième gauche » sociale-démocrate, réaliste et redistributrice qu’il avait fini par incarner ». La droite reconnaît en lui sa vision planétaire et d’ailleurs Chirac et Sarkozy ont fait appel constamment à celui qui prône « Le Parler Vrai ».
Son « Big Bang » ou désintégration du clivage gauche-droite du système politique français, lancé déjà il y a une vingtaine d’années ressemble à s’y méprendre à la démarche recherchée par Emmanuel Macron et son Premier ministre, ce dernier étant comme par hasard, un ancien rocardien lui aussi. « Michel Rocard est le premier ministre de l’« ouverture ». Ses gouvernements intègrent des membres de la société civile, voire quelques transfuges de l’opposition. » écrivait-on dans le Monde. Né en 1930 mort à l’âge de 85 ans, Michel Rocard a rêvé d’un destin présidentiel. Il n’y sera jamais parvenu faute d’avoir l’approbation (et c’est un euphémisme) d’un certain président François Mitterrand à qui il faisait de l’ombre bien avant 1981. Président qu’il avait déjà traité d’assassin (200 000 morts de faim ?) pendant la guerre d’Algérie, allusion curieusement reprise par Macron quand il a parlé de génocide pendant cette période. Président à qui il a enlevé une épine du pied pourtant , quand il a pu faire signer les accords de Matignon entérinant les droits de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination et mettant fin aux violences sur l’île. Cette chronique ne saurait rendre compte de l’intégralité de l’aura de cet homme qui se qualifie lui-même de « laboratoire ».
Regret, parce que l’ingratitude de la politique rend muet ceux qui lui doivent beaucoup. De Madagascar, cet homme devait se souvenir de la mésaventure de son passage comme Premier ministre, son convoi a été arrêté par une pluie diluvienne du côté de Soanierana, il a dû sortir de son véhicule et rejoindre les secours la gadoue jusqu’aux genoux. Ceci étant son ombre restera encore présent pendant longtemps dans le paysage politique français.
Mickey RANARIVAO