
Madagascar recevra la visite du Pape d’ici quelques jours, c’est la deuxième fois que le « plus haut dignitaire »de l’église Catholique romaine débarque dans la Grande Ile. Sans doute, est-il temps aussi d’évoquer à travers les écrits la place de cette religion « civilisatrice » à travers l’histoire malgache. Ce que fait ce livre « Madagascar et la mission catholique », d’Elie Colin et de Pierre Suau aux Editions Sanard et Derangeon. Dans leur résumé, le décor est déjà planté. Les deux illuminés de la religion signale « … la colonisation de Madagascar était le rôle réservé par Dieu à la France ».
Les « Hovas », « Betsimisaraka », « Sakalava », « Tanala », « …et compagnies n’avaient qu’à bien se tenir. Puisque les français, dans leur mission dictée par le « Saint », ainsi était qualifié le racisme du cardinal de Richelieu, pensaient qu’«Illiusregio cujus religio » ou : le peuple appartient à celui qui y implante sa religion. Dans cette fameuse mission, où la religion catholique semblait servir une idéologie de soumission que d’amour du prochain, les religieux n’avaient pas en odeur de sainteté les anglais. Ces derniers, plus habiles et moins calculateurs, avaient rapidement conquis le pays.
Le protestantisme a explosé dans les contrées. Sans compter pendant le règne de Ranavalona I, que les écrivains qualifiaient de « vraie sauvage, défiante et cruelle ». Cette dernière a chassé tout représentant de la foi anglaise. Sans doute, la douleur de la perte de son mari RadamaII, plus enclin à ouvrir ses portes aux étrangers, a joué pour beaucoup. Mais dans le domaine d’auto-défense identitaire, les peuples du sud-est, surtout de Tolagnaro étaient les plus actifs. Le lieutenant-général La Haye a su à ses propres dépens, envoyés par un autre raciste et colon de la pire espèce Louis XIV. « … les indigènes exaspérés le bloquèrent dans Fort-Dauphin, et, la nuit de Noël 1672, massacrèrent tous les français ».
Ce livre est une mine d‘informations, on y retrouve toujours ce sens donné à la religion et au religieux dans les pérégrinations historiques du Malgache. « Madagascar et la mission catholique », D’Elie Colin et de Pierre Suau, s’est surtout attardé sur le groupe humain « Hova ». Sous le sceau d’une ambivalence jonglée jusque dans les cours royaux. Au grand dam de ces missionnaires qui pensaient que leur religion pouvait regarder de haut celle des autochtones. Jusqu’à vouloir imposer « les réunions du dimanche et dans les écoles, l’enseignement du christianisme ». Tout comme la découverte de Madagascar, si c’est à supposer qu’avant que le portugais Fernâo Soarez l’ait détecté le 1er février 1506, la Grande Île n’existait pas encore, un vaste espace marin. Et que les terres, la faune et la flore et les « sauvages » qui l’habitaient apparaissaient comme par magie.
On y retrouve également la haine viscérale des religieux catholiques contre le groupe humain « hova ». Dans leur conquête, où le principal adversaire était la main mise de la London Missionary Society, D’Elie Colin et de Pierre Suau écrivent, « Lancer les malgaches contre l’envahisseur Hova, ce qui était facile… ». Au nom de leur religion, ils pensaient déjà donc à une extermination, un génocide dont ils seraient les instigateurs. Sans oublier les massacres perpétrés par les « protestants » contre les religieux, et ceux qui épousaient la religion catholique en 1830. Ce livre est à découvrir, comportant plus de 823 pages, il se divise en 14 chapitres comprenant les différentes étapes de la royauté, surtout « Merina ».
Maminirina Rado