La lutte contre la corruption est bien enclenchée à Madagascar et les agents du Bianco se donnent corps et âme dans leur travail de vérification et d’enquête au fur et à mesure de l’arrivée des plaintes leur parvenant. Plusieurs dossiers ont été bouclés. Les sanctions sont tombées après leur instruction devant la chaîne pénale anti corruption. Les informations dans ce domaine bénéficient d’une certaine publicité et l’opinion approuve. Mais on a le sentiment d’un goût d’inachevé, car les biens indûment acquis ne sont hélas pas récupérés par l’Etat et reversés au Trésor public.
Lutte contre la corruption : encore des blocages
Le Bianco a établi un rapport détaillé de ses activités et il peut se targuer d’’avoir mené de nombreuses investigations qui ont abouti à la constitution de dossiers solides. Ses succès dans la lutte anti corruption sont indéniables. Les personnes incriminées sont traduites en justice et sont condamnées. Les membres du Bureau de lutte anticorruption sont sur la brèche depuis sa création et les pressions n’ont pas manqué. Mais aujourd’hui, ils ont l’appui de l’opinion publique depuis l’affaire qui a mis en cause la célèbre conseillère spéciale du président de la République. Malgré toutes les manœuvres dilatoires qui ont été opérées, elle n’a pas été enterrée. Au vu du communiqué qui est parvenu à la presse, ce n’est qu’un dossier parmi tant d’autres : bois de rose, Jirama, détournements de fonds dans de nombreuses administrations, etc. On ne peut donc que le féliciter pour le travail qu’il accomplit et qu’il compte bien continuer. Néanmoins, la Justice étant passée, les coupables sont condamnés, mais les peines ne sont pas exécutées jusqu’au bout. Le préjudice financier causé par ces derniers n’est pas compensé. La nouvelle Stratégie nationale de lutte contre la corruption (SNLCC) a notamment recommandé l’adoption d’une loi sur le recouvrement des avoirs illicites. Mais « elle est pour le moment bloquée par l’exécutif » souligne le communiqué du Bianco. « Cette loi a pour vocation de faciliter la saisie, le gel et la confiscation des avoirs illicites ». Il s’agit d’un dispositif fondamental dans la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la corruption rénovée. Aujourd’hui, on en est donc là. « Chaque acteur de la société a son rôle à jouer : les décideurs, et responsables, les leaders religieux, les citoyens, la société civile, les médias, etc. ».
Patrice RABE