Un samedi sous haute tension. Comme il fallait s’y attendre, les Tananariviens ont passé un weekend agité avec une forte mobilisation des éléments de l’Emmoreg.
Tôt le matin, les entrées dans le centre-ville ont été quadrillées par les Forces de l’ordre avec comme mission d’interdire l’accès aux membres de l’association des taxis-ville qui avaient prévu d’organiser une démonstration de force à Analakely. Une manifestation qui n’a pourtant pas obtenu l’autorisation de la Préfecture de Police d’Antananarivo. La présence de deux ministres sur le terrain, en l’occurrence le ministre de la Défense nationale, le Général Léon Jean Richard Rakotonirina et le ministre de la Sécurité publique, le Contrôleur Général de Police, Fanomezantsoa Rodellys Randrianarison, démontre que les autorités ont pris au sérieux cette manifestation. D’autant plus qu’avec les déclarations de soutien de différentes organisations et partis politiques tels que le RMDM, cette descente dans la rue a été qualifiée de revendication politique. À noter en effet qu’outre la demande d’interdiction des taxis-moto, Clémence Raharinirina et l’association des taxis-ville réclament aussi et surtout le départ du maire Naina Andriantsitohaina.
« Réelles intentions ». Les taxis-moto qui se sont donné rendez-vous à Andohatapenaka ont pu tenir leur manifestation. Il est à noter que la Commune Urbaine d’Antananarivo leur a donné une autorisation en bonne et due forme. Quant à eux, les taxis-ville ont subi une intervention des Forces de l’ordre dès leur départ prévue du côté d’Ankorondrano. L’arrestation de leur présidente, Clémence Raharinirina, a fortement impacté leur organisation. Vers 10h, cette dernière a été interpellée manu militari par des éléments de la Gendarmerie nationale. Elle a ensuite été amenée à Fiadanana où elle a fait l’objet d’une enquête. Organisation de manifestation non autorisée et troubles à l’ordre public seraient les inculpations portées à son encontre. « Il ne s’agissait pas d’une arrestation, mais plutôt d’une interpellation », a expliqué le Commandant de la CIRGN Analamanga. Clémence Raharinirina aurait été amenée pour pouvoir expliquer ses « réelles intentions ». Pourtant, son enquête a duré presque 8 heures car elle n’a été relâchée que vers 19h. La Conseillère municipale a ensuite pu rejoindre sa famille et passer la nuit à son domicile. À noter aussi qu’une délégation du parti Tiako i Madagasikara a pu visiter et discuter avec Clémence Raharinirina dans les locaux de la Brigade des Recherches criminelles à Fiadanana. Pour le moment, on ignore si le dossier sera déféré au parquet ou non. En début de soirée, un long cortège de taximen s’est rendu à Fiadanana pour réclamer la libération de leur présidente. En tout cas, malgré le risque élevé de « sakoroka », aucun incident majeur n’a été relevé samedi. Clémence Raharinirina et les associations des chauffeurs de taxis n’en resteront certainement pas là. Cependant, selon les textes, le renversement d’un maire se fait au niveau du Conseil municipal et non dans la rue. C’est certainement le motif de la forte mobilisation des Forces de l’ordre qui ont été réquisitionnées par la Préfecture de police. À l’allure où vont les choses, les Tananariviens risquent de passer une semaine de Pâques mouvementée.
Davis R