
Si d’habitude les principales raisons de la création des Aires Protégées sont la conservation des espèces faunistiques comme les lémuriens ou la sauvegarde des paysages, le Missouri Botanical Garden (MBG) veut valoriser la diversité botanique.
Raison pour laquelle, cette Organisation non gouvernementale a mené des recherches taxonomiques sur les espèces floristiques à Madagascar afin de les identifier. « Bon nombre d’entre elles sont en danger critique tandis que d’autres sont menacées d’extinction ou vulnérables selon les classifications de l’Union Internationale de la Conservation de la Nature. Nous avons ainsi créé jusqu’ici 12 Aires Protégées qui sont gérées par MBG, elle-même, afin d’assurer la conservation de ces espèces », a expliqué Jeannie Raharimampionona, le coordinateur de l’unité de conservation au sein de cette entité oeuvrant dans le domaine de la recherche et de la conservation de la nature.
Fortement menacées. « Nous avons lancé une étude depuis 2000 en mettant un œuvre un projet d’identification des Aires Prioritaires pour la conservation des espèces floristiques à Madagascar, et ce, sur financement du CEPF. Les résultats de cette étude nous ont permis d’identifier 80 Aires Prioritaires. Et c’était en 2015 que les onze Aires Protégées ont été mis en place par voie de Décret. La 12e Aire Protégée dénommée Ankafobe, située dans le district d’Ankazobe, a été créée en décembre 2018 », a-t-elle poursuivi. Il faut savoir que ces nouvelles Aires Protégées gérées par Missouri Botanical Garden regorgent d’espèces floristiques endémiques mais fortement menacées par les exploitations illicites, la déforestation, la production de charbon ou encore les cultures sur brûlis. Concernant ce site de conservation d’Ankafobe, « On y trouve, une espèce de plante de nom scientifique « Phylloxyllon Xiphoclada » connue sous le nom vernaculaire « Arahara ». Exploitée pour la fabrication des manches des outils, elle est classée en danger critique dans la liste rouge de l’UICN. La recrudescence des feux de brousse sur la partie du Tampoketsa d’Ankazobe constitue la principale menace à sa disparition », d’après les explications de Jeannie Raharimampionona, un chercheur botaniste au sein du MBG.
Bois précieux. Dans la forêt d’Analalava, une autre Aire Protégée gérée par MBG, l’espèce Baudouinia Louvelii, est également classée en danger, dans la liste rouge de l’UICN. Elle est pourtant exploité pour la fabrication de bois de construction. Il en est de même pour l’espèce floristique Delonix Velutina dite « Hazondrangola » qui se trouve uniquement dans l’Aire Protégée d’Oronjia et est utilisée par les communautés locales pour la fabrication de canoë. Quant à l’Aire Protégée Makirovana Tsihomanaomby, elle recèle trois espèces endémiques dont le Dalbergia Normandii, connu sous le nom vernaculaire « Andramena ». Ces bois précieux sont exploités tandis que les lémuriens sont en danger critique dans cette forêt. La déforestation s’y accentue également en vue de la plantation de vanille. L’Aire Protégée d’Agnalazaha dispose également de bois précieux dénommés Dalbergia Baronii qui sont surexploités pour le commerce illicite et la construction des clôtures.
Porte bonheur. Par ailleurs, au niveau du site de conservation Pointe à Larrée, l’espèce Dracaena Umbraculifera ou « Hasimbe » est classée en danger critique par l’UICN. Cette espèce est également surexploitée pour le commerce et la construction des cases d’habitation ou des clôtures. Concernant l’Aire Protégée Massif d’Ibity, l’espèce Dypsis Decipiens est classée vulnérable dans la liste rouge de l’UICN. Connue sous le nom vernaculaire « Faly », elle est qualifiée de porte bonheur. Ce site regorge également d’orchidées terrestres et abrite trois espèces endémiques d’Aloe. Dans la forêt sacrée d’Analavelona, le Dalbegia Purpurescens ou « Manary » est également classé en danger critique. Ce bois est utilisé pour la fabrication de cercueil traditionnel selon les coutumes Bara.
Estimé à 14 000. « Nous implantons des bureaux permanents au niveau de ces Aires Protégées. Des scientifiques ou bien des universitaires y campent souvent. Travailler en étroite collaboration avec les communautés locales tout en s’adaptant à leur mode de vie. Cette approche communautaire constitue une meilleure clé de conservation des sites », a exprimé Jeannie Raharimampionona, le coordinateur de l’unité de conservation de MBG. Suite à sa candidature, National Geographic Society lui a décerné le prix Buffet Awards for conservation Leadership in Africa 2020, de la part de la Fondation Howard G. Buffet. Il est à noter que cette botaniste a plus de 20 ans d’expériences en matière d’identification, de recherche et de protection des espèces floristiques à Madagascar. « Le nombre d’espèces de plantes à fleurs est estimée à 14 000 en ce moment », a-t-elle conclu.
Navalona R.