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mardi, juin 24, 2025
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Mouvement de la rue : Un grand danger pour l’économie, selon le Pr Mamy Freddy Andriamalala

Mamy Freddy Andriamalala, économiste, politologue, professeur des Universités et président du GNECUC.

Le mouvement de la rue risque de placer Madagascar au premier rang des pays les plus pauvres au monde, selon l’économiste et politologue Mamy Freddy Andriamalala, président du Groupement National des Enseignants et Chercheurs des Universités pour le Changement (GNECUC).

Midi Madagasikara (MM). En tant que politologue et économiste de formation, comment appréciez-vous le mouvement fomenté par les opposants visant, peut-être, à déstabiliser le régime en place ?

Mamy Freddy (MF). La première question qui me vient à l’esprit est de savoir si ces opposants sont conscients ou non des conséquences néfastes probables des éventuelles manœuvres anti-démocratiques visant à remettre en cause le verdict des urnes lors des dernières élections présidentielles, législatives, communales et sénatoriales.

Si leur acte se fonde sur des conflits voulus par des tyrans habitués à des manœuvres anarchiques en vue de renverser le président de la République élu démocratiquement ; il est un devoir intellectuel de protéger les acquis démocratiques et l’intérêt de la population.

Les manœuvres déstabilisatrices sans fondement démocratique sont un mode de revendication politique perpétré par ceux qui veulent détruire économiquement et socialement Madagascar.

  1. Quels sont les coûts économiques, sociaux et moraux du mouvement de la rue dans notre pays ?
  2. La trajectoire politique de Madagascar nous montre que les leaders politiques qui campent sur une position extrême et cherchent à tout prix à prendre le pouvoir par des actes sans fondement démocratique n’ont pas un modèle préexistant et pertinent pour sortir Madagascar de la pauvreté.

Les chiffres nous montrent que les conséquences économiques et sociales de l’instabilité politique sont dévastatrices pour notre pays. En effet, durant les trois dernières crises politiques, les taux de croissance économique étaient négatifs, ou presque, en 1991 (-6,3%), en 2002 (-12%) et en 2009 (0%) .

Ces crises politiques ont fortement amplifié la pauvreté. L’incidence de la pauvreté est passée de 69,6% avant la crise (2001) à 80,7% durant la crise de 2002, soit près de 2 millions d’individus « devenus nouveaux pauvres ». De plus, le taux de pauvreté avoisinait 63,4% avant la crise, c’est-à-dire en 2008, contre 76,5% durant la crise, soit environ 3 millions de malgaches également « devenus nouveaux pauvres ».

  1. Quelles prévisions pouvez-vous avancer sur les éventuels mouvements de la rue ?
  2. Toute chose étant égale par ailleurs, une nouvelle crise politique, voulue par ceux qui sont obligés de patienter à la porte du pouvoir et par certains politiciens caméléons qui changent facilement de couleur et tournent sans honte leur veste pour remettre en cause les acquis démocratiques, va sûrement renforcer et intensifier la pauvreté à Madagascar. Les conséquences des actes anti-démocratiques pourraient empoisonner les vies politiques, économiques et sociales du pays, dont on peut déjà annoncer l’émergence : créer un environnement défavorable aux activités économiques, perturber la paix sociale, etc.

A cela s’ajoutent les effets et les chocs engendrés par la crise sanitaire mondiale sur l’économie nationale provoquant un taux de croissance économique de -3,8%. Malgré ceci, bon nombre d’entreprises malgaches ont pu résister au choc et ne sont pas obligées de déposer le bilan.

  1. Est-ce qu’il y a d’autres effets induits par le mouvement de la rue ?
  2. Bien sûr, il y a d’autres effets. L’exemple de crise politique de 2009 en est un fait révélateur. La crise politique en question a entraîné une chute importante des recettes fiscales, suite à la diminution des activités économiques. En d’autres termes, les recettes fiscales sont passées de 2.087,6 milliards d’Ariary avant la crise politique (en 2008), à 1.782,1 milliards d’Ariary durant la première année de la crise (en 2009).

Dans le cas où une nouvelle crise politique se produit, les ressources fiscales pour produire les biens et services publics vont chuter, sans parler de la baisse drastique des recettes fiscales causée par la Covid-19.

Le pire des cas pourrait se produire, car les fonctionnaires risquent de ne pas percevoir leur salaire du fait que les caisses de l’Etat risquent de se vider. De plus, les enseignements primaires, secondaires et supérieurs seront interrompus. D’autres effets sociaux sont à prévoir. En effet, le nombre de chômeurs et de sous-employés va augmenter, sans parler de la recrudescence de l’insécurité.

Bref, Madagascar deviendrait le pays le plus pauvre au monde si le mouvement de la rue venait à gagner du terrain.

Recueillis par Antsa R.

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