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lundi, mai 20, 2024
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Musique : Ifanihy en quatre chansons

(crédits photas : Ifanihy Roland Randriamanatsoa)

Il fût des jours heureux, des jours d’insouciance, a l’air de rappeler la musique d’Ifanihy, un des monuments de la chanson d’auteur à Madagascar. Avec ces quatre titres, sans exclusivité, qui pourraient s’y définir. 

C’est peu de le dire que la « chanson d’auteur » possède ce grain de liberté et d’espoir sans être conspirationniste. Ifanihy a incrusté dans ses textes et sa musicalité un monde acoustique à part. A ces heures où la pensée générale, et presque institutionnalisée, impose ses airs hyper-sucrés et ses textes. En miroir d’une société tyrannisée par la pauvreté du citoyen lambda incapable de prendre du recul. En 2023, retrouver ces quatre chansons de cet auteur/compositeur se fait si doux, d’une beauté naïve et quotidienne. 

    1. « Lemena » : l’appel de la mer

    Un tableau tragique ayant pour décor le grand bleu, nuance poétique de la joie et du malheur, « Lemena  ressemble à ces morceaux amérindiens que ce soit dans sa « recette musicale » au rythme naturel que son environnement sonore. New age sur les bords, Ifanihy ne se parait pas encore de son statut de faiseur de chansons d’auteur. Il allait déjà à contre-courant, peu de chansons post-indépendance n’évoquent le vaste monde de la mer à Madagascar. Pourtant, le pays en est entouré. En concomitance avec « Benoro » de Lôlô sy ny Tariny, à en croire le regard de ces gens d’Antananarivo des années 70/80, la mer était cet ogre voleur de pêcheurs, pères de famille. C’était une des premières chansons du génie des textes. 

    • « Baranjely » : les petits bonheurs de la solitude

     « Tantie Kiki » adore faire son « bazar » , se défend de prendre du riz et des mets, ce qui l’intéresse auprès des maraichères : sa seule aubergine. Après un choix fiévreux, elle n’hésite pas à prendre le taxi pour goûter à son petit bonheur : la solitude. L’entrée du titre, une diversion « guitaristique » presque exagérée se déploie sur un texte caustique, de l’Ifanihy pur et dur. Les avis divergent, soit il chante pour l’émancipation de la femme, de son corps surtout. Soit il joue à ses espiègleries, limite misogynes, envers un procédé selon lequel une banane est moins bénéfique pour « Tatie Kiki ». La poésie est toujours scénique. Le choix des mots apporte une luminosité sans artifices et distancé au choix de vie d’une femme seule, qui s’est promise à elle-même ou à Ifanihy, qui rejette l’offre. 

    • « Lesabotsy » : la scolarité du pauvre

    Mode ou esprit moderne, le duo du chanteur avec cette voix ingénue et limpide – presque tous les groupes acoustiques de son époque adorait l’utiliser – rappelle une sorte d’amertume chantée par les parents des calamités scolaires de leur fils « Lesabotsy ». Comme quoi, le « blues » de la précarité est plutôt subir nonchalamment son sort chez Ifanihy. Ce titre sorti vers la fin des années 80 en serait presque prémonitoire. Il est d’ailleurs devenu culte. Tant et si bien que le « langage populaire » s’est approprié le mot/titre « Lesabotsy » pour qualifier les indigents ou les adeptes de l’école buissonnière. Plus de trente–cinq ans après, cette chanson colle encore au contexte. Pas de quoi ravir, le morceau s’achève sur une morale envers les parents poussés à se sacrifier.

    • « Piknika » : comme un tableau de Renoir

    Ivresse sociale incrustée dans un faux-rythme, « Piknika » chante la montagne russe de la jeunesse dans ses moments de liesse et de bombance avec comme décor, le spot d’Ambatofotsy Gara. A quelques kilomètres en périphérie de la capitale, ce lieu était le rendez-vous branché du week-end des tananariviens. Couples, familles, groupes de footballeurs de la troisième mi-temps, amoureux de la photographie, stars du showbizz… tout le monde aimait s’y voir et y être vu. Un certain goût de la ruralité pas si loin de la cité. Le décor tout trouvé par Ifanihy pour insérer sa plume et sa musique. Les déambulations colorées et émotives reviennent encore à cette distanciation d’académisme de ce parolier de génie. Ses déambulations finissent par la rencontre avec des dénudés « Jane et Tarzan » et « Adam et Eve ». 

    Maminirina Rado

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