Le décès de Rediany, une des plus belles voix du « tsapiky » malgache, le 11 juillet reste encore dans le flou. Des témoignages affirment qu’elle aurait reçu une balle pendant une pause durant un concert à Andaka Soatana Sakaraha. Selon des témoins, un individu lui aurait tiré dessus pendant qu’elle se sustentait. Celui-ci a succombé suite à une vindicte populaire. L’artiste aurait été tuée sur le coup. Le tireur serait un habitant du village d’Ambahikily. Il faisait partie du public, le mobile de son acte reste inconnu. La dépouille a été emmenée, hier, à Soahazo et sera inhumée à son tombeau familial à Atranolahatsy de la commune de Milenaky. Un drame immense pour la musique « tsapiky », mais aussi pour la musique malgache. Rediany fait partie de ces pratiquantes du « tsapiky mandry am-pototse », animation de plusieurs jours d’affilée 24h/24h, sous le tamarinier d’un village dans les contrées lointaines du Sud malgache. Cette approche musicale s’inspire le plus de ce que pratiquait les « Saïry ». Genre de gardiens de la sagesse, griots et instrumentistes hors pairs des rassemblements traditionnels des temps anciens et d’aujourd’hui. Comme le tsapiky possède plusieurs variantes, le style de Rediany est considéré plus proche de celui des Masikoro, groupe humain malgache dont elle s’est revendiquée. Elle fait partie de ses artistes identitaires qui incarnent le « Madagascar profond », tout son côté romanesque, la sensation de morceau du bout du monde et toute sa dangerosité, avec son « no man’s land ».
Maminirina Rado
