
Actuellement, les mythes sont quasiment effacés et oubliés par la jeune génération. Les agglomérations et les constructions d’ici et là accentuent non seulement la dégradation de l’environnement, mais aussi déracinent petit à petit l’identité culturelle léguée par les ancêtres. Les Malgaches deviennent désormais peu à peu un peuple sans repères. Alors, si la campagne est conservatoire, où se perpétuent les mythes et légendes hérités souvent des ancêtres et où les évolutions sont lentes, où la culture est transmise à travers les époques et précieusement conservée, la ville est toujours stressée et pressée à accélérer ses pas en oubliant en chemin la sagesse ancestrale.
Trimobe et Rapeto, on les a déjà entendus parler. Mais, rares sont ceux qui connaissent la réalité de Rabolila, cet animal comique !
Selon la légende Antakarana-Anjoaty, Rabolila est une mangouste qui intercepte la route des voyageurs en faisant des mimiques étonnantes. Elle joue avec ses parties intimes dans le but de faire rire les promeneurs. Et si ces derniers ricanent, ils ne trouveront plus leur chemin et se perdront à jamais. Bruel Rasolofoson, un passionné des contes et légendes malgaches s’en souvient, quand il passait ses vacances à la campagne avec ses cousins. Leurs grands-parents leur ont raconté cet angano (conte). « On nous racontait la légende de Rabolila. Mais, nous n’avons jamais vu ce petit primate. C’est sûrement un animal imaginaire que nos grands-parents ont inventé pour nous divertir », a-t-il certifié en souriant.
La morale dans l’histoire. Les contes véhiculent un message. Ceci présente deux sens. La première, c’est de ne pas être distrait, et de se fixer un objectif dans la vie. En effet, ici, la forêt se traduit par le trajet dans lequel le voyageur effectue sa vie. Un long itinéraire qu’ il doit traverser pour atteindre son but. Le Rabolila, quant à lui, est un élément perturbateur qui surgit de nulle part, une difficulté à surpasser. La deuxième incite les auditeurs à protéger l’environnement. Puisque la forêt est sacrée, elle recouvre aussi bien des animaux que des esprits des ancêtres. Ainsi, la mangouste incarne le « sacré ». De ce fait, les aïeux l’ont mythifié afin que les taranaka, (descendants) puissent protéger la nature.
Il existe en fait ! Jusqu’ici, nombreux sont ceux qui croient que Rabolila n’est qu’un animal mythique dans la tradition orale malgache. On en parle pour faire peur aux enfants qui adorent se promener le soir dans les forêts. Pourtant, Rabolila est un animal qui existe. Des environnementalistes comme Tertius Rodriguez Belalahy l’ont déjà vu de leurs propres yeux. Ferveur défenseur des lémuriens, cet homme de trente ans visite mensuellement les sites forestiers pour observer l’état de santé des primates dans la région Diana. C’est là qu’il rencontre le Rabolila. « C’est un mangouste typiquement endémique de Madagascar du nom scientifique Galidia Elegans. Elle a une fourrure assez attirante avec une queue annelée de deux couleurs noire et marron. C’est une mangouste qui est carnivore », a-t-il fait savoir. Le Rabolila mesure jusqu’à 40 cm de long sans la queue et pèse 7 kg. Effectivement, cet amateur de l’hémoglobine est en voie de disparition à cause de la dégradation de l’environnement. Naturellement il s’enfonce au fin fond de la forêt. « Cette faculté attribuée au fait qu’il peut faire perdre les gens qui le voient jouer avec sa partie intime pendant son repos est sans doute lié au fait que sa demeure est souvent au cœur de la forêt. Effectivement, sans guide, les touristes se perdent ».
Iss Heridiny