- Publicité -
dimanche, juin 22, 2025
AccueilPolitiqueNarson Rafidimanana : « Il faut aider et protéger les investisseurs locaux »

Narson Rafidimanana : « Il faut aider et protéger les investisseurs locaux »

L’élu d’Antanifotsy en est à son deuxième mandat

Député élu dans le District d’Antanifotsy et non moins opérateur économique, il a son mot et ses « maux » à dire sur le développement de Madagascar. Interview.

Midi : Vous êtes non seulement un « solombavambahoaka » mais aussi le porte-voix des opérateurs nationaux

Narson Rafidimanana : « Il est temps de cesser de privilégier systématiquement les investisseurs venus de l’extérieur, alors que ceux qui sont déjà là, sur le terrain, sont souvent négligés. Les investisseurs locaux connaissent le pays, y croient et investissent depuis longtemps. Certains arrivent bon an, mal an à créer des sociétés et diversifient leurs investissements et emploient des milliers de personnes. Le rôle de l’État est de les soutenir, les protéger et leur offrir un environnement stable et sécurisé pour qu’ils puissent continuer à développer leurs activités. L’appel au secours des industriels nationaux est peu entendu. C’est inconcevable que les marchandises produites localement soient proposées au même prix voire plus chères que les articles importés. Il faut mettre un coup de frein aux importations de produits fabriqués à Madagascar. C’est absurde de taxer de 3% les produits agricoles à l’exportation ».

Midi : Miser sur nos forces locales, est-ce une voie réaliste pour le développement du pays ?

Narson Rafidimanana : « Dans un contexte mondial incertain, les pays en voie de développement comme Madagascar ne peuvent plus se permettre de compter uniquement sur l’aide extérieure ou sur des modèles économiques importés. La véritable richesse de notre pays réside dans ses ressources internes : sa terre, sa population, ses talents. C’est à partir de ces leviers que nous devons construire notre développement. Madagascar dispose de ressources immenses avec des terres fertiles, une biodiversité unique et un potentiel agricole exceptionnel. Pourtant, ce secteur vital reste sous-exploité. Investir dans l’agriculture, c’est investir dans notre sécurité alimentaire, dans la stabilité des communautés rurales et dans l’économie réelle ».

Midi : Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?

Narson Rafidimanana : « Cela signifie soutenir les agriculteurs, faciliter l’accès aux techniques modernes, améliorer les infrastructures de transport et de conservation, et favoriser la transformation locale des produits. C’est un cercle vertueux qui crée de l’emploi, de la valeur ajoutée et de l’autonomie. Valoriser les entreprises locales, bâtir un tissu économique solide Nos petites et moyennes entreprises, nos artisans, nos producteurs, sont les moteurs silencieux de notre économie. Ils innovent, s’adaptent, créent des emplois et répondent aux besoins locaux. Pour qu’ils puissent prospérer, il est indispensable de leur offrir un environnement propice : un accès au financement, une fiscalité adaptée, des formations, de la visibilité et des débouchés. Bref, il faut protéger les entreprises locales ».

Midi : De quelle manière ?

Narson Rafidimanana : «  Protéger les entreprises, ce n’est pas les enfermer dans un cocon, mais leur donner les outils pour affronter la concurrence dans de bonnes conditions. Le soutien à l’économie locale est une stratégie gagnante, à la fois sociale, économique et durable. Les entreprises exportatrices, un levier stratégique Certaines entreprises locales parviennent à se positionner sur les marchés internationaux. Elles sont précieuses pour notre pays, car elles génèrent des devises étrangères, indispensables pour équilibrer notre balance commerciale et financer nos importations essentielles. Favoriser les exportations, c’est aussi valoriser le savoir-faire malgache au-delà de nos frontières. Il faut donc encourager ces initiatives, simplifier les démarches, appuyer la qualité, la certification, la logistique ».

Midi : Quel modèle de développement préconisez-vous alors pour Madagascar ?

Narson Rafidimanana : «  Un modèle de développement à notre image. Le développement de Madagascar ne viendra pas d’un modèle imposé de l’extérieur. Il doit être enraciné dans nos réalités, nos richesses, nos traditions et nos ambitions. L’Etat, le secteur privé, la société civile doivent avancer ensemble dans cette direction, avec une vision claire et une volonté à long terme. En investissant dans notre agriculture, en soutenant nos entreprises locales et en valorisant nos exportations, nous ne faisons pas que redresser notre économie. Nous construisons un avenir plus juste, plus autonome et plus résilient pour notre pays ».

Propos recueillis par R.O

Suivez nous
409,418FansJ'aime
10,821SuiveursSuivre
1,620AbonnésS'abonner
Articles qui pourraient vous intéresser

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici