
Madagascar ne compte actuellement que 17 neurologues officiels pour 25 millions d’habitants. Tandis qu’en Afrique, on compte 1 neurologue pour 1 million d’habitants. Ce qui est largement insuffisant. Au niveau national comme au niveau régional, le défi est d’arriver à 1 neurologue pour 100 000 habitants.
Congrès international. Ces informations émanent d’une interview du Pr Alain Tehindrazanarivelo, en marge de l’ouverture du premier Congrès International de la Société de Neurologie à Madagascar, hier à l’hôtel Panorama Andrainarivo. Le congrès se termine ce jour et sera suivi, à partir de demain et jusqu’à samedi, du dixième cours régional africain des étudiants en neurologie en Afrique. Un cours qui sera mené par les meilleurs experts mondiaux en neurologie. L’un des principaux objectifs poursuivis par ce premier Congrès International de la Société de Neurologie à Madagascar est en effet de relever le niveau des apprenants et de promouvoir les recherches en neurologie, afin de renforcer les capacités des neurologues et d’assurer une meilleure couverture et prise en charge des pathologies neurologiques à Madagascar. Une prise en charge qui permet notamment de prévenir les troubles de la santé mentale, qui devient inquiétante à Madagascar. Lors de la célébration de la journée mondiale de la santé mentale cette année, le ministère de tutelle a, entre autres données chiffrées, annoncé que 40% des Malgaches seraient concernés par des troubles mentaux !
Tendances pathologiques. Questionné au sujet des pathologies neurologiques les plus courantes dans la Grande Île, le Pr. Alain Tehindrazanarivelo a souligné la prégnance d’une tendance à deux niveaux. D’une part, la tendance à la baisse des maladies neurologiques transmissibles (neuropaludisme, méningite, etc.) ; et d’autre part, la tendance à la hausse des pathologies neurologiques non transmissibles (Alzheimer, hypertension artérielle et accidents cardio-vasculaires, épilepsie, etc.), dues à la pollution, à l’intoxication à certaines substances (le plomb, etc.), à l’alimentation et à l’hygiène de vie, mais aussi et surtout au rythme de vie en milieu urbain. Un rythme et une hygiène de vie, combinés à l’intoxication chimique et à la pollution, auxquels s’ajoute le stress, qui laissent donc la porte grande ouverte aux maladies neurologiques non transmissibles. Des pathologies dont le dérèglement de l’horloge biologique représente une des premières sonnettes d’alarme selon le Professeur. Il a par ailleurs expliqué la raison de la tendance à la baisse des maladies neurologiques transmissibles : « Cette tendance s’explique notamment par l’amélioration des diagnostics (leur précocité et leur fiabilité) qui permet un traitement précoce avant la complication de la maladie. De plus, l’amélioration de la couverture vaccinale (ndlr : une augmentation de la propension des parents à faire vacciner leur progéniture contre la méningite, malgré le coût relativement élevé – plus de 120 000 Ariary – du vaccin) a également favorisé cette tendance de la propagation des maladies neurologiques transmissibles à la baisse ».
Luz Razafimbelo