Véritable génie musical, Njaka Rakotonirainy est un pianiste qui impose son style en exprimant lebà-gasy aux couleurs du jazz. Persévérant, travailleur et un brin blagueur, Njaka Rakotonirainy s’affirme au fil de sa carrière. Portrait.
Bon vivant et expansif, il ne se passe pas un moment où l’on s’ennuie lorsque, quelque part, Njaka Rakotonirainy est là. Véritable génie, ce pianiste qui s’est construit au fil des années n’est pas seulement un simple pianiste. La musique, il l’a dans la peau. C’est à l’âge de 6 ans qu’il la rencontre, à l’oreille d’abord. Puis à 9 ans, il apprend le solfa, avant d’apprendre le classique à 11 ans. « Je n’ai pas fait long feu en classique, à un moment j’en ai eu marre alors j’ai arrêté » dit-il. Du haut de ses quelques 12 printemps, Njaka Rakotonirainy joue à l’église, et continue longtemps à le faire. En grandissant, à 15 ans, il s’initie au jazz, et cela l’a plutôt plu.
Déclic. « C’est en regardant George Duke à la télé que j’ai eu le déclic pour le jazz. J’ai tout de suite été impressionné, j’ai voulu en faire autant » raconte-t-il. C’était du smooth jazz mais de toute évidence, il a accroché. Njaka Rakotonirainy approfondit alors le jazz, auprès de Manjaka (ancien claviériste du groupe Ambondrona), qui lui transmet toute cette passion du jazz. « Et d’ailleurs je lui en suis très reconnaissant, il m’a beaucoup motivé ». Il suit également des cours auprès de Ralaisa Roger, « celui qui m’a redonné goût au classique. J’ai fortement apprécié l’avoir connu, j’ai beaucoup appris de lui aussi. Et pas seulement en musique, en technique et tout. Il m’a transmis cette envie d’enseigner, répétant que donner est mieux que recevoir » dit-il. De là donc, Njaka s’approprie le classique pour s’exprimer dans le jazz, et commence à trouver ses marques. « Il y a une vraie interaction entre le classique et le jazz ».
Reculer pour mieux sauter. Njaka Rakotonirainy n’est qu’aux prémices de sa carrière, et pourtant, il traîne déjà derrière lui plusieurs années de piano qui forgent sa carrure professionnelle. A 17 ans, il écume les pianos bars des restaus chics de Tanà. « Cela a développé mes sentiments et ma technicité » affirme-t-il, tout en continuant ses études. Parce qu’il n’était juste pas question d’abandonner les bancs de l’école et de l’université, le métier artistique étant encore une occupation fragile, « du moins pour ma famille, puisque décider de faire de la musique mon métier ce n’était juste pas possible » dit-il. Mais Njaka s’accroche. Outre, les pianos bars, il joue en side-man aux côtés des plus grands du jazz local, dont Solo Andrianasolo, Fanja Andriamanantena, Elsie… et ajoute à cela des heures de cours car à son tour, il se met à enseigner le piano, au CGM et à l’EGM. « Je me souviens de mon ancien prof, comme il l’a dit, mieux vaut donner que recevoir. En donnant, en enseignant, j’apprends beaucoup car cela me permet d’accroître mon vocabulaire pour mieux m’exprimer en musique, et dans le jazz particulièrement ». En imposant son jeu pianistique, il s’affirme dans son style personnel, en s’inspirant du bà-gasy pour la jouer autrement. « J’adore le bà-gasy, ce kalon’ny omaly qui sonne à la fois piano bar et jazzy jazzy ». Njaka s’éclate d’ailleurs en jouant avec Volahasiniaina, qui apporte une autre dimension à sa musique. « Jouer avec d’autres musiciens me plait beaucoup. Et notamment lorsqu’il s’agit là de musique malgache. Mais de manière générale, bien au-delà de la musique en soi, c’est aussi l’amitié, l’échange et toute cette relation entre les personnes qui me plait » dit-il.
Très reconnaissant de tout ce talent qu’il possède, Njaka entend faire de la musique toute sa carrière. Aujourd’hui, il a créé un groupe de jazz avec Josia aux batteries et Ranto à la basse, NRJ, et ne compte pas en rester là. Et ça, seul l’avenir nous le dira !
Anjara Rasoanaivo