
Sous les projecteurs depuis « la marche du 30 septembre », Parisoa Andriambolanarivo, maire de la commune d’Imerintisatosika, se confie et clarifie sa position. Interview.
Midi Madagasikara (M.M.) : Avez-vous des liens, directs ou indirects, avec l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga ? Comment interprétez-vous la méfiance grandissante de l’opinion publique envers ceux qu’elle perçoit comme des alliés ou des soutiens de cet homme d’affaires influent ?
Parisoa Andriambolanarivo (P. A.) : Les blessures de l’ancien système sont profondes, et la suspicion est légitime face aux nombreux intérêts cachés qui gangrènent notre pays. C’est précisément parce que je partage cette préoccupation que j’ai été parmi les premiers, dès le 25 septembre, à appeler publiquement au départ de Rajoelina et de Ravatomanga. Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, je n’ai aucune relation de près ou de loin avec Monsieur Mamy Ravatomanga. Ce sont des allégations infondées, destinées à me discréditer politiquement. Je ne l’ai jamais rencontré, et jusqu’à aujourd’hui, personne n’a pu présenter la moindre preuve d’un soi-disant soutien de sa part.
M.M. : Dans le contexte actuel du pays, marqué par des tensions sociales et économiques, pensez-vous qu’une véritable refondation de l’État et des institutions soit encore envisageable à court ou moyen terme ?
P. A. : Le pays est aujourd’hui à genoux. Les pratiques malsaines ont été normalisées, et le bilan socio-économique est alarmant. Ce qui a été détruit pendant des années ne se reconstruira pas en quelques mois. Une refondation est possible, mais elle exige du courage, de la transparence et de la concertation. J’attends du nouveau régime des mesures d’urgence à court terme pour soulager la population, l’organisation d’une consultation nationale pour refonder nos institutions, et surtout la garantie d’élections véritablement démocratiques. Mais n’oublions pas que le vrai problème, c’est souvent la personne. Peu importe la structure mise en place : si ceux qui dirigent n’ont ni volonté, ni sens du patriotisme, rien ne changera. La vraie refondation commence dans le cœur et la conscience de ceux qui dirigent.
M.M. : En annonçant votre intention de vous présenter aux prochaines élections professionnelles, vous avez pris un risque politique certain. N’êtes-vous pas préoccupé par les manœuvres de vos adversaires ? Quelles stratégies avez-vous mises en place pour faire face à ces éventuelles attaques ?
P. A. : Les coups bas sont une réalité de la politique, et ils ont déjà commencé. Je ne suis pas naïf, et je sais que la diffamation et la désinformation seront utilisées contre moi. Mais je reste serein. Je n’ai rien à cacher et je me concentre sur l’essentiel : mon travail de terrain. Ma meilleure protection, c’est la proximité avec le peuple : écouter, rendre compte, agir concrètement. Je préfère perdre une élection en restant fidèle à mes valeurs que de la gagner par la manipulation ou la corruption. Ma force réside dans la confiance que j’accorde au peuple et dans sa capacité à discerner le vrai du faux.
M.M. : Après trois mandats à la tête de la Commune d’Imerintsiatosika, estimez-vous que cette expérience locale soit suffisante pour briguer la direction d’un pays de plus de 30 millions d’habitants ? Quels sont, selon vous, les défis spécifiques à relever à cette échelle ?
P. A. : Trois mandats à la tête d’Imerintsiatosika ne suffisent pas. Mais ils m’ont permis de connaître les défis du terrain et les attentes des citoyens. J’ai acquis une expérience de gestion concrète, au plus près des réalités. En parallèle, mon rôle d’enseignant à l’université d’Antananarivo m’a offert une perspective plus large sur les enjeux nationaux et internationaux. C’est cette combinaison d’expérience du terrain, de vision académique et de connaissance des réalités du pays qui me préparent à diriger Madagascar. Je suis convaincu que je peux diriger ce beau pays en restant proche du peuple et en prenant des décisions éclairées.
Recueillis par Julien R.





