
De sa mère, auteur de pièces de théâtre à succès, Anjara Rasoanaivo tient sa passion pour l’écriture. Depuis son plus jeune âge, elle n’a jamais cessé de la cultiver, couchant sur les pages d’un cahier tout le « ressenti » d’une existence heureuse et sans histoire. En devenant animatrice de radio, puis journaliste de presse écrite, elle a découvert d’autres horizons qui lui ont permis de révéler ses talents d’artiste. Chanteuse de rock et comédienne, elle a, cependant, choisi de se consacrer au septième art. C’est dans la réalisation et dans la production qu’elle compte maintenant faire carrière, mais sans pour autant abandonner le journalisme qui est devenu son métier. Son dernier film « Selfie# Sale fille » va sortir au début du mois d’août. Interview.
Les lecteurs de Midi Madagasikara connaissent la plume d’Anjara Rasoanaivo et son talent de journaliste, mais ils sont moins familiers de son univers artistique. Ceux qui s’intéressent au cinéma savent que vous êtes dans ce milieu depuis le début des années 2000. Pouvez-vous nous dire la manière dont vous avez intégré ce monde ?
Je tiens d’abord à dire que je suis la fille de Ramy Ralaiarivelo, une auteure de pièces radiophoniques qui ont été diffusées à la RNM et à ACEEM radio dans les années 90. J’ai donc baigné dans une atmosphère qui me prédisposait à aimer la littérature. Je n’ai jamais cessé d’écrire et c’est par ce biais que j’ai intégré le milieu de la télévision. J’y ai mis un pied en participant à la série « Revy sa Ditra », en devenant scénariste de quelques-uns de ses épisodes. Je n’ai donc plus quitté cet univers et au début des années 2000, lors de la renaissance du cinéma malgache, j’ai participé en tant que comédienne à des films comme « Ambalamasoandro » ou « Rapôly cowboy ». Et j’ai par la suite décidé d’approfondir mes connaissances cinématographiques en participant à des stages de réalisation et d’écriture. A cette époque, j’ai été assistante de réalisation auprès d’un réalisateur sud-africain. A partir de 2010, j’ai fait beaucoup de films pour les institutions, mais je n’ai jamais abandonné l’idée de faire de la création. C’est dans cette optique que j’ai tourné « Selfie# Sale Fille » qui va sortir au début du mois d’août.
Pouvez-vous nous parler de la manière dont vous concevez le rôle du réalisateur lorsqu’il tourne un film ?
Je dirige mes acteurs de manière stricte. Je ne travaille pas dans l’improvisation et je fais répéter le texte écrit jusqu’à ce qu’il soit totalement assimilé et qu’il ressorte naturellement. J’attache beaucoup d’importance au travail. Un bon film pour moi est basé sur une bonne histoire. L’écriture du scénario me prend beaucoup de temps et nécessite énormément d’énergie.
Quelle ambition nourrissez-vous pour votre carrière cinématographique ?
Le projet que je veux réaliser est la création d’une société de production qui fera travailler beaucoup de gens comme les grandes unités existant à l’étranger. Il y aurait, outre les acteurs et les techniciens, les costumiers et les ouvriers bâtissant les décors.
On évoque souvent le manque de moyens dont dispose le cinéma malgache. Partagez-vous cette opinion ? Est-ce un frein à la création ?
Je m’inscris en faux contre cela. Aujourd’hui, nous disposons de moyens technologiques semblables à ceux de nos confrères de l’extérieur. Une grande part de la réussite d’un film est basée sur ce que vous proposez à ceux qui le regardent. Ici, nous avons des paysages de rêve et à travers le film, nous pouvons donner envie de venir à Madagascar.
Propos recueillis par Patrice RABE