
La grogne de la population tananarivienne s’intensifie après quelques semaines de coupure de l’approvisionnement en eau dans plusieurs quartiers.
La colère des habitants d’Antsahameva-Ankatso a marqué la fin de la semaine dernière. Une manifestation sur la route était organisée par quelques personnes pour marquer leur ras-le-bol de la coupure d’approvisionnement d’eau depuis quelques semaines. Une situation qui s’est également fait ressentir dans plusieurs quartiers de la Capitale. Si pour certains, la situation était nouvelle, pour d’autres, c’était quasi habituelle. Le cas d’Itaosy en est une parfaite manifestation. Beaucoup de fokontany d’Itaosy n’ont l’eau que tard dans la nuit (encore faut-il que l’eau daigne venir). Jointe au téléphone, une responsable auprès de la Compagnie nationale d’eau et d’électricité note : “nous avançons actuellement vers la période d’étiage. Le tarissement des sources d’eau servant à approvisionner l’eau dans la capitale a fait que nous ne disposons plus d’assez d’eau pour satisfaire les besoins”. La responsable de renchérir : “la situation est d’autant plus complexe avec la hausse de la demande allant de paire avec la hausse du nombre des abonnés de la Jirama”. Ainsi, la Jirama a actuellement des difficultés pour assurer l’approvisionnement en eau de cinq zones. A savoir : la zone Est (Ambohimangakely, Ambohimanambola, Mahazo… , la zone Sud : Iavoloha, Andoharanofotsy, la zone Nord : Itaosy, Ampitatafika et Fenoarivo, la zone centre : Faravohitra, Ambondrona…
Mesures. Face à la situation, du moins pour Antananarivo, la Jirama avance quelques solutions à court, moyen et long termes. Pour les cinq zones, la Compagnie nationale d’eau et d’électricité compte désamorcer les choses par “la mise en place de citernes d’eau – immobiles – de cinq à dix mètres cube de volume”. Pour ce qu’il en est des distributions, la responsable auprès de la Jirama de faire savoir “on va procéder comme avec les bornes fontaines. La Jirama va négocier avec la commune et les fokontany afin de choisir des responsables pour gérer les fontaines”. L’eau ne sera donc pas distribuée gratuitement comme avant mais vendue à la population. La solution à moyen termes quant à elle consiste à l’opérationnalisation – d’ici quelques prochaines semaines selon la Jirama – de la station de pompage d’Amoronakona. Prévue pour desservir la zone Est et pour une capacité de distribution de 100m3/h, la mise en marche de la station en question devrait alléger les problèmes d’approvisionnement en eau de la capitale. Enfin, la solution à long terme avancée par la Jirama est la recherche d’autres sources d’approvisionnement en eau. Un projet de construction d’une nouvelle station serait également prévu. Devant débuter en 2020, le projet en question sera mis en œuvre en collaboration avec la BEI ou Banque Européenne d’Investissement.
Ailleurs. L’eau est ainsi devenue une denrée rare pour des milliers d’habitants de la capitale malgache, alors que la situation est quasi quotidienne dans plusieurs régions. Pour le cas de Diégo par exemple, des quartiers de la capitale Antakarana n’ont pas eu d’eau depuis quelques mois de cela. Si pour certains, la situation qui prévaut actuellement à Antananarivo est dramatique, l’on se demande comment pourrait-on qualifier ce qui se passe dans le Sud. Dans les communes éloignées du pipeline récemment inauguré par le Président de la République, femmes et enfants doivent parcourir des dizaines, vingtaines et trentaines de kilomètres pour avoir de l’eau pour la consommation. Et on est loin de la qualité de l’eau des grandes villes. La population desdites zones doit se contenter de puiser de l’eau stagnante et boueuse durant la saison des pluies. Sinon, elle peut compter sur l’eau des rares rivières non taries. La raréfaction de l’eau pourrait trouver sa cause dans la dégradation galopante de l’environnement, d’un côté. Mais surtout de la mauvaise gestion des ressources en eau, de l’autre. Si ailleurs, le manque d’eau est considéré comme normal, les quelques semaines de coupure d’approvisionnement dans la Capitale sont en train de devenir une affaire nationale.
José Belalahy