Dans la génération de musiciens, il y a les bons et les meilleurs. Parmi eux, Joro Rakotozafiarison, guitariste, trace son avenir. Son talent est aussi grand que son humilité, mais la découverte vaut le détour. Et chacune de ses prestations est à ovationner. Portrait.
Joro Rakotozafiarison a d’abord connu le piano. « J’ai baigné dans la musique dès mon plus jeune âge, car mon père est un auteur compositeur, également pianiste à l’église. J’ai donc joué du piano avant mes 11 ans ». Malgré sa virtuosité à la guitare, Joro n’a donc pas fait ses premiers pas musicaux avec la six-cordes. C’est un événement plutôt triste dans son enfance qui a servi de déclic. A 11 ans, Joro perd son père. Plus de piano donc, mais puisque son papa avait une vieille guitare, il l’a dépoussiérée pour la ressusciter.
Guitare. « J’ai fait comme tout le monde. J’ai joué de la guitare avec les potes, à l’oreille, en jouant les chansons des artistes que tout le monde connaît. Pas de solfège, c’est comme ça, on met de l’ambiance en musique » raconte-t-il. C’est donc en jouant avec elle, en lui parlant et en échangeant avec elle tous les jours que Joro commence à fondre sous son charme. « Je n’ai pas vraiment choisi, ça s’est fait tout seul. Alors je suis tombé amoureux ». L’histoire d’amour s’est installée et a grandi avec le temps. Jouer pour jouer ne suffit donc plus, Joro approfondit sa relation avec Dame la Guitare et se met à faire des écoutes. « Je m’y suis intéressé, j’ai écouté du Clapton, du Santana, beaucoup de rock, les Guitar Hero. Et là, c’était le coup de foudre » dit-il. Il continue donc, enrichit son background et travaille, encore et encore.
Jazz. En 2012, Joro Rakotozafiarison participe au Madajazzcar et assiste aux ateliers de formation. Par curiosité mais aussi pour apprendre plus de ces grands du jazz. C’est ainsi qu’il rencontre le jazz. Il décide alors d’intégrer le jazz club de l’Alliance Française, fait 1 mois de cours intensif auprès de Haja Ravaloson. Il participe au concours Tremplin de Madajazzcar en 2013 et remporte le premier prix avec le Jazz Quart. C’est plus qu’une révélation. Il décide de faire de la musique une carrière professionnelle. Aujourd’hui, Joro enseigne la guitare à des particuliers, il crée des musiques de publicité, accompagne des artistes en side-man, comme c’est le cas pour Jimmy Harrison et les plus grands le sollicitent : Fanja Andrianamantena, Lalatiana, Thomas Winter Andersen, Christoph Heigi… et utilise ses acquis pour améliorer sans cesse son travail, Joro ayant suivi des études en musique assistée par ordinateur. Outre la musique des autres, Joro compose ses propres morceaux. Avec Jazz Quart, il commence déjà à tourner, tout comme son autre formation Joro J Quartet. « Je peux faire un album avec mes compositions. D’ailleurs, lorsqu’on se produit quelque part, on joue mes compos ». Passionné, extrêmement talentueux, ce gaucher qui joue à la main droite n’est qu’à l’aube de sa carrière. Virtuose de la guitare, le talent jaillit en lui comme une source de jouvence, il se renouvelle à chacune de ses apparitions. Joro prépare un album, mais prend son temps. En tout cas, un grand guitariste écrit son histoire, qui sait un jour jouerait-il avec Pat Metheny ou Jonathan Kreisberg !
Anjara Rasoanaivo