
Hariniaina Mamonjisoa vit le reggae dans la droite ligne du Rastafarisme. Elle chante cette musique tout en portant un message « difficile à passer », la raison de son combat pour un monde plus équilibré, meilleur. Portrait/interview de Kyà Laa, son nom de scène, une vraie rastawoman.
Comment est venue en vous la culture rasta et la musique reggae ?
Kyà Laa : « J’ai grandi à Antananarivo pendant toute mon enfance, j’aimais bien chanter… De toute façon, mon frère est un rappeur et tous les jours, il faisait des répétitions à la maison. C’est lui qui m’a un peu influencée, parce que je l’entends tout au long de la journée. De plus, mon père, qui est aussi poète, écoute tous les jours du reggae, et automatiquement la musique reggae. La musique coule déjà dans mon sang quoi. Ensuite, dans le milieu du scoutisme. Quand j’étais dans ce domaine, je chantais à chaque activité à l’église, ce qui m’a bien motivée en fait. D‘ailleurs, je suis toujours un scout, même si je ne suis pas en activité. Cela m’a beaucoup aidé dans la vie, alors je ne l’oublierai jamais. J’ai vraiment intégré le milieu du reggae en 2015. Cette musique m’apporte la sérénité. Je peux aussi y affirmer mes ressentis, exprimer mes messages. J’y apprends beaucoup aussi. »
A la base, la musique reggae prône la paix, l’amour et la fraternité, qui depuis quelque temps semble devenir un slogan « marketing » de certains artistes. Est-ce que ce message n’est pas devenu une litanie ?
Kyà Laa : « Mes chansons se fondent toujours sur des messages pour tout le monde, surtout sur le savoir-vivre pour avoir la paix, même si c’est un peu dur à transmettre. mais heureusement ça fait partie de mon combat. Surtout pour nous les jeunes, nous avons besoin des messages conscients pour qu’on ne s’influence pas à faire des choses inutiles. Le plus important dans une chanson, c’est le message, des messages qui ne détruisent pas les jeunes, qui éduquent vraiment. Chaque fois qu’on parle de la chanson reggae, globalement, on parle de la paix, amour, unité, et de l’espoir, car se sont des choses qui manquent, des choses- clés, importantes, dont on a besoin. Il faut toujours parler de choses positives dans le Reggae pour avoir une bonne vibration. On essaie de propager une pensée positive dans un monde plein de haine, de désespoir, d’hypocrisie, de guerre, de diversité. »
Qu’on retrouve dans vos titres…
Kyà Laa : « Une chanson intitulée « Miaina milamina » qui parle de la paix intérieure et extérieure. Qu’il faut toujours faire du bien pour le bien de chacun, pas besoin de se piéger. Il faut s’unir. La première chanson que j’ai écrite et chantée s’intitule « Tsy kivy ». Du dub step, reggae roots. Elle parle de fraternité, de deux êtres qui ne veulent pas se quitter. Un lien qui ne sera jamais délié par tout ce que la vie réserve. Face aux grands défis de la vie ou aux différends passagers, on y va ensemble pour affronter les problèmes. C’est cela ce qu’on appelle un vrai ami. »
Quels sont vos projets ?
Kyà Laa : « En tant que Kyà Laa, je pense sortir mon premier album l’année prochaine, seul Jah sait, et de partager au maximum les messages, autant que possible. »
Etre une femme rasta, avec tout ce que cela implique. Comment vous le vivez au quotidien ?
Kyà Laa : « Être une femme rasta. A vrai dire, chacun a son jugement à propos d’une femme qui porte des dreadlocks sur la tête. A Madagascar surtout, il y a une certaine image qui a causé ces jugements. Mais j’essaie de porter ma part dans tout ça. Il y en a qui portent seulement des dreadlocks, on ne peut pas dire qu’il ou elle est rasta. Et il y en a qui sont vraiment rastas. Il faut qu’on enlève de nos têtes que si on voit quelqu’un qui porte des dreadlocks, c’est forcément un fumeur ou quelque chose du genre. Le jugement d’apparence détruit tout, dans tous les milieux. Ça veut dire qu’on doit toujours être obligé de faire et apporter un air positif dans la vie sociale. »
Recueillis par Maminirina Rado