
Depuis des millénaires, les civilisations ont toujours été bercées par leurs héros. Ces personnages incarnent l’idéal humain, en réalisant des exploits et des actions digne d’être supérieur. Ils communient également, souvent des hommes, le désir de justice tant espérer par chacun.
Sauveur, pourfendeur des féroces et des méchants, le héros se retrouve souvent derrière les plus vulnérables. A Madagascar, avec une civilisation séculaire, des migrations et des influences de plusieurs horizons, des contacts et échanges humains multiples depuis des millénaires… Il est temps de se lancer sur la trace de ces héros, d’antan et d’hier, qui ont permis à l’ensemble des groupes humains du pays de se construire des repères. Du moins, s’ils existaient en réalité ou en légende.
Pouvoirs à la MCU. Plusieurs noms viennent souvent quand on parle des êtres surhumains malgaches, Ibonia est un personnage à part. Inscrit dans la mythologie malgache, il apparaît selon les chercheurs depuis un poème épique vers 1830 en trois versions. Ce n’est qu’en 1877 que l’histoire a été imprimée. Nul ne sait s’il s’agissait d’une tradition orale uniquement imérinienne, mais Iboniamasimanoro a intrigué par son périple déjanté. Sa mère a dû subir une grossesse de dix ans pour pouvoir le mettre au monde. Son caractère héroïque lui est transmis par lignée royale. Par ailleurs, ses combats, notamment contre le grand Raivato, pour délivrer Iampelamananoro fit un des moments héroïques de son parcours. A l’instar du prince charmant combattant le méchant dragon aux portes du château, Ibonia épousa sa dulcinée.
Dans sa thèse doctorale, « Héros en quête de l’humain : transformations des récits héroïques malgaches » en 2010, Lala Modeste Rakotondrasoa évoque un personnage qui se retrouverait dans presque toutes les traditions orales de Madagascar. « Ampelamananisa », ou La-femme-avec-des-ouïes aurait des pouvoirs surnaturels. Dans son ouvrage « Sirène, rois et démocratie – Ancestralisation et conscience nationale dans un rituel inédit » en 2001, Thomas Mouzard évoquait qu’Ampelamananisa « être issu des fonds marins est en outre capable de contrôler les éléments, tels que l’orage et la pluie, ce qui représente un immense pouvoir dans une région semi-aride ». Ce personnage possède le « Hasina »ou « Hasy ». D’ailleurs héroïsme malgache ne s’éloigne guère du spirituel, d’un élément essentiel : l’eau et d’un mystère cosmogonique.

Faiseur de héros. D’autres noms apparaissent également en tant que héros ou anti-héros dans la mythologie malgache. « Papangofitoloha », conté jusqu’à aujourd’hui chez une « petite partie du littoral Vezo », selon toujours Lala Modeste Rakotondrasoa. « Papangofitoloha » a volé la femme de Rezatovo, ici le héros, qui a dû la reconquérir en arrachant un à un les sept têtes du malotru. « Tsimamangafalahy » ou « Tsimalangafalahy » serait également un haut personnage de la tradition orale partagée entre les groupes humains Masikoro et Vezo. Sa réputation vient du fait qu’il s’est circoncis lui-même. Il fallait avoir le courage de quatre hommes, voire plus, pour pouvoir se couper le prépuce. Ensuite, cette épreuve s’accompagne de prouesses héroïques légitimant ainsi ce rite de passage malgache.
Au fil des recherches, on s’aperçoit que l’héroïsme malgache ne se constitue pas seulement de forces surhumaines, parfois gores. La matière grise écumait également les légendes malgaches de personnages conquérants. Ibotity fait partie de cette catégorie, il aurait été le révélateur du monothéisme malgache antérieur aux influences musulmanes et chrétiennes. Sans oublier, les fameux Ikotofetsy et Imahakà, les rois de la fourberie. Si la lecture de leur exploit force à s’attarder sur leurs manigances l’un contre l’autre. Qui au final, leur a permis de comprendre qu’en s’associant ils seraient plus redoutables.Ces deux personnages ont déjà modélisé le « fihavanana » dynamique, réactif et productif. Tout est dans l’intérêt équilibré.
Maminirina Rado