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lundi, juin 16, 2025
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Pouvoir : Politiciens, pays et citoyens, mélangent des genres et des époques

la population malgache lors de la campagne électorale de 2018

Madagascar se dirige petit à petit vers un nouvel horizon politique. Nostalgie d’une époque ou pas, la classe politique est en train de se rajeunir. Il est temps de dessiner les contours d’être un politicien à l’heure actuelle.

La politique, la chose effrayante, attirante, grisante, enivrante… le chemin le plus légitime pour atteindre le pouvoir. Ou encore, l’outil systémique le plus ancien et mou, depuis la Grèce antique, pour gérer la cité. Dans les pays comme Madagascar, devenu l’un des plus pauvres en dix ans, elle a toujours intégré en elle le développement. Faire de la « politique » est devenu : envisager le développement. Il n’y a pas à dire, gérer la Grande Île ne se compare pas à gérer la Finlande ou le Japon. Et au milieu de tout cela, se trouve le politicien.

Hery Rajaonarimampianina le premier président de la IVe République

Le politique dans le « Big game »

Propagandes présidentielles 2018, « trois partis, à savoir le Mapar, le TIM et le HVM n’ont pas accepté le plafonnement des fonds de campagne », lance Faraniaina Ramarosaona, du mouvement de la société civile Rohy. Le choix de cet exemple, étant donné que Chef d’Etat, représente l’aboutissement de tout politicien, démontre largement le rapport de ce dernier avec le jeu politique. Etre politicien, c’est avoir les moyens, quitte à ce qu’ils soient illimités. Et ce n’est pas seulement à Madagascar. Chez l’Oncle Sam, la totalité des dépenses de campagne présidentielle avoisinent les trois milliards de dollars.

Philibert Tsiranana le père de l’indépendance

Après, les réactions offusquées face aux dons et les cadeaux financiers effectués par les candidats ou candidates avant les élections, font la passe avec cette démonstration de la possession du nerf de la guerre. Quelque part, ils et elles veulent prouver qu’ils et elles ont assez de moyens pour se tenir bien droit, sans voler dans les caisses de l’administration une fois en poste. La « confiance dirigée » transforme la société, la relation argent et politique est devenue moins conflictuelle. A Madagascar, la politique réussit à décomplexer le rapport des malgaches avec l’argent, un sujet parfois tabou.

Mais dans un pays où l’engagement citoyen dans la politique est loin des espérances, il suffit de voir le taux de participation aux élections législatives. « La plupart des candidats ont été élus à 20 % de taux de participation », fait remarquer Faraniaina Ramarosaona. Dans ce genre de pays, la réponse citoyenne ne semble pas nécessiter de grandes débauches de moyens. Si dans un stade où le candidat ou la candidate arrive à rassembler 100 000 personnes. Et qu’au final, 10 000 ou 8 000 de ces individus viennent aux urnes. C’est comme sucrer une tasse de café avec 50 kilos de sucre.

Les députés de Madagascar

Le physique, un atout direct

Bon gré mal gré, le milieu politique malgache se rajeunira forcément. Avec le côté pathétique des « pages qui se tournent », tôt ou tard, des nouvelles têtes vont dominer. La preuve avec l’élection d’Andry Rajoelina en 2018. De même avec son rival, Marc Ravalomanana dans la quarantaine en 2002, qui a reçu la faveur populaire face à Didier Ratsiraka enjambant le troisième âge. Ce dernier a été également mis en avant par sa fougue lors de son accession au pouvoir dans les années ‘70. La jeunesse reste donc un atout à avoir en main chez le politicien.

La voie de l’expérience est de plus en plus délaissée au profit de la fraîcheur. L’expérience semble mieux avoir ses aises en coulisse. Rien qu’à voir les différentes nominations du pouvoir actuel dans les postes clés de la présidence. Rien qu’à voir lors des propagandes, l’entourage d’Andry Rajoelina a réuni beaucoup de jeunes par rapport à son adversaire. Sans vouloir citer des noms, outil de performance, la jeunesse est devenue plus que jamais un outil politique. De plus, les électeurs semblent se dire que si les anciens n’ont pas réussi, pourquoi ne pas laisser la place aux jeunes.

Andry Nirina Rajoelina le jeune président malgache

En vingt ans, l’âge idéal pour s’activer en politique se situe entre 40 et 55 ans. L’intervalle optimal pour débuter. Par ailleurs, cette jeunesse s’accompagne d’une vision tout aussi moderne. Par contre, les habitudes ont la dent dure. L’image du politicien donneur de leçon, détenteur du savoir… restent toujours ancré dans l’exercice. Un comportement en écho à l’instauration d’un Etat fort qui a déjà retrouvé cette forme dans l’administration coloniale. Une image de jeune avec une posture paternaliste, c’est être politicien aujourd’hui.

L’électorat dans le besoin

Pour Faraniaina Ramarosaona, du mouvement Rohy, il s’agit en premier lieu d’un besoin. « Un besoin d’avoir cette image du politicien ». L’électorat voudrait sans doute être rassuré, face à l’avenir de plus en plus sombre du pays, il a besoin d’une personne solide. Pourtant, c’est là que le risque réside. Entre les profiteurs et les vrais politiciens, la frontière est invisible.

Maminirina Rado

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