
Les dispositifs de préservation des mangroves sont déployés dans la région Sofia où les autorisations de coupe sont suspendues.
Une manière pour les autorités d’afficher leur détermination à protéger cet écosystème typique de certaines régions de l’île.
Écosystème spécifique
« La protection de l’environnement est une véritable affaire d’Etat », a déclaré Fidèle Emilson, directeur des Infrastructures et du Développement (DID) de la région Sofia. Il est également vice-président de la Plateforme de gestion des aires protégées (PFGap) Avarabe Lovainjafy qui regroupe les régions Sofia, Diana, Sava, Analanjirofo et Boeny. « La plateforme est composée des responsables des régions membres et constitue un prolongement logique et naturel du Comité de pilotage du paysage Hautes Terres du Nord (COPIL HTN), constitué depuis 2017 », rappelle-t-il. En effet, cette structure a été mise en place en vue de la protection du plus grand corridor forestier de la Grande île. Une région qui, par ailleurs, est riche d’un écosystème spécifique : les mangroves, lesquelles subissent des pressions de plus en plus fortes ces dernières années. C’est notamment le cas de la région Sofia, avec ses 450 km de côtes bordées de mangroves. Selon Fidèle Emilson, ces mangroves fournissent l’essentiel des ressources utilisées à Nosy Be et Majunga, que ce soit pour la production de charbon, la construction, l’ameublement ou encore les ressources halieutiques qui y évoluent.
Bôndy
« Plus aucune autorisation de coupe n’est délivrée dans la région Sofia actuellement », indique le DID en expliquant que cette mesure a été mise en œuvre pour stopper les exploitations sauvages. Malheureusement, les trafics illicites persistent, comme en témoignent récemment des fuites de palétuviers à destination de Nosy Be, qui ont été interceptées par la Direction régionale de l’Environnement et du Développement durable ainsi que par les forces de l’ordre. Côté restauration des mangroves dégradées, plusieurs partenaires collaborent avec les autorités. Le DID souligne qu’après Madagascar National Parks (MNP), déjà présent depuis de nombreuses années dans le parc national de Sahamalaza, plusieurs acteurs ont commencé, depuis environ deux à trois ans, à s’impliquer davantage dans le sud de la région Sofia. Parmi eux figurent Blue Ventures, Planète Urgence, ainsi que Bôndy, qui se démarque par son efficacité grâce à son projet Ma Honkô. Bien que ses activités soient relativement récentes, elles commencent déjà à porter leurs fruits. Depuis 2023, plus de 600 hectares de mangroves dégradées ont été reboisés dans la Sofia. Et le rythme devrait s’accélérer : 10 000 hectares sont à restaurer en 5 ans, à raison de 6 500 propagules par hectare, avec un taux de survie des plants atteignant près de 90%.
Illustration édifiante
Dans cette région, l’entreprise intervient au niveau des districts d’Antsohihy, Analalava et Port Bergé, soit 10 communes et 57 villages bénéficiant donc de ses actions de préservation de la biodiversité, mais aussi de l’amélioration des moyens de subsistance, de diversification des activités génératrices de revenus, et d’accès aux services sociaux de base. La Commune rurale de Befotaka Nord (district d’Analalava) constitue une illustration édifiante. « Actuellement, le seul projet d’envergure mené dans notre commune est la restauration des mangroves, conduite par Bôndy en collaboration avec 1 500 personnes issues de six de nos fokontany. Cela représente autant d’emplois », indique Mme Françoise, maire de la commune.
« Autrefois, notre commune regorgeait de produits de la mer. Mais en raison de la dégradation des mangroves, ces ressources ont considérablement diminué. C’est pourquoi nous sommes convaincus et reconnaissants du travail accompli avec cette entreprise : lorsque les ressources marines reviendront, le niveau de vie de la population s’en trouvera amélioré », a-t-elle poursuivi. La première magistrate de la commune de Befotaka Nord souligne également que plusieurs projets communautaires ont déjà été évoqués avec l’entreprise, notamment dans les domaines de l’élevage, de l’agriculture et des infrastructures.
R.Edmond.