
192 garçons et dix filles mineurs sont actuellement détenus dans la prison d’Antalaha. 80 d’entre eux ont bénéficié de formation professionnelle en agriculture et production améliorée de vanille dans le cadre du projet OIT-SAVABE.
« Nous avons l’ambition d’inclure tous les mineurs détenus dans la prison d’Antalaha dans le projet OIT-SAVABE. Ce, pour qu’ils aient un avenir meilleur mais surtout pour éviter qu’ils soient détournés par le mauvais impact du système carcéral malgache. Et pour cela, la réinsertion socio-professionnelle est la meilleure option qui s’offre à nous ». Ce sont là les propos de Liva Franco Gabriel Randrianasandratra, inspecteur d’administration pénitentiaire en service à la direction régionale de l’administration pénitentiaire SAVA. 80 détenus mineurs ont, en effet, bénéficié de formation en agriculture et production améliorée de vanille il y a de cela six mois. Des mineurs de « 14 à 17 ans inculpés directement dans des affaires de vol de vanilles ou encore inculpés dans des affaires connexes au vol de vanilles » qui attendent leur libération si l’on s’en tient toujours aux explications de notre interlocuteur qui fait savoir que« 57 sur les 80 mineurs ont déjà été libérés. Nous avons leur adresse et nous avons collaboré avec le ministère de la population et le projet OIT-SAVABE pour le suivi de ces jeunes dans leur milieu respectif ». Outre le module de formation, les jeunes bénéficient également de « kits de démarrages pour réaliser leur mini-projet ». Une façon pour les acteurs de « prévenir la récidive, et d’inculquer chez les mineurs l’importance de la deuxième chance qui s’offre à eux ».
Suite logique. Le reste de la première promotion attendant sa remise en liberté, la deuxième devrait bientôt débuter. Un changement aurait été sollicité par l’administration pénitentiaire d’Antalaha en matière de critère de choix des jeunes et dans le nombre des bénéficiaires. « Nous avons demandé à ce que cent mineurs soient pris en charge lors de la deuxième promotion. Cent mineurs ayant été inculpés ou non dans des affaires de vanilles. Cent mineurs ayant été condamnés ou non également » fait savoir l’inspecteur Liva Frano Gabriel Randrianasandratra. Avant de justifier cette démarche : « Si des mineurs ont été condamnés et/ou attendent leurs libérations, certains sont en situation d’ordonnance de transmission de pièces à la chambre d’accusation, et d’autres sont en situation d’ordonnance de prise de corps à exécution immédiate. Un point commun relie toutefois les situations de ces jeunes. Ils sont en prison et sont victimes du système carcéral malgache et de ses impacts. Faire en sorte que les mineurs puissent rapidement sortir de ce milieu tout en leur offrant un moyen de se réinsérer dans le milieu social et professionnel est pour nous d’une importance capitale. Il ne faut pas oublier que ces jeunes peuvent être des acteurs importants dans le développement du pays ». Interrogé sur la possibilité pour les journalistes d’interviewer les mineurs détenus, l’inspecteur d’administration pénitentiaire fait savoir « une note émanant du ministère central interdit l’interview des mineurs détenus dans la prison d’Antalaha. Une décision prise suite à la publication faite par une chaîne d’information étrangère relatant la situation (selon eux) des mineurs détenus dans notre prison ». Notre interlocuteur toutefois de préciser qu’il y a une différence perceptible entre les mineurs bénéficiant du projet et ceux qui n’en bénéficient pas. « Il y a une expression de joie et d’espoir dans les visages des mineurs formés. Le simple fait de sortir des cellules et d’être formés pour un éventuel avenir change beaucoup de chose chez les jeunes. Il faut le dire, la formation dont ils bénéficient est la part de considération humaine qui manque dans la prison », lance-t-il.
José Belalahy