Contemporain de Richard Andriamanjato, Alexis Bezaka, Monja Jaona, Gaétan Razafindratandra, Solofo Norbert Randriamorasata est loin d’être un personnage méconnu. Actuellement, président du parti Adecma-Kmtp, il était façonné par une période sombre de l’histoire de Madagascar, qui est la colonisation.
Une enfance compliquée. Né le 7 mars 1934, Norbert Solofo Randriamorasata est le fils d’un modeste charpentier du nom de Ernest Rasolonjatovo. En 1936, alors qu’il avait deux ans, il a perdu sa mère Elisabeth Razafindravony. C’est avec le cœur plein de chagrin qu’il fut accueilli par sa grand-mère Marie Raketamanga à Ambanidia. Cette dernière s’occupe de son petit fils et l’envoie à l’école des frères à Andohalo. Lors de l’insurrection de 1947, le petit Randriamrosata avait 13 ans. Il s’installait à Brickaville, l’une des villes victime de la répression française. Témoin oculaire, il était un spectateur impuissant face à l’atrocité des colonisateurs. Dès lors, le jeune Solofo nourrit son ambition. Il se penche sur ses études.
En 1950, après avoir fini ses études secondaires, il s’inscrit au stage d’agriculture à Nanisana, puis change complètement de cap. Désormais, il devient journaliste. Pour renforcer sa capacité intellectuelle, il suit un cours par correspondance à l’école sociale et art de Paris.
La colonisation, Randriamorasata l’a vécu. Le nom Jean Ralaimongo, lui est familier. Certes, ils ne se connaissaient pas puisque Ralaimongo était mort quand Randriamorasata n’avait que neuf ans. Mais l’idéologie de ce nationaliste malgache était ancrée dans sa tête. Imbibé d’idéologie communisante, il devient militant farouche au coté du «Pasteur rouge» Richard Andriamanjato. A 24 ans, il participe au congrès de Tamatave en mai 1958. Ce congrès réunit dix partis politiques malgaches pour envisager le destin de Madagascar. Bien que Randriamorasata fût jeune à cette époque, il avait l’opportunité d’assister à une période charnière de l’histoire de la Grande Ile.
Un opposant infatigable. En 1960, au temps de la Première République où Philibert Tsiranana est président, Randriamorasata, continue son travail de journaliste. Le jeune homme de 28 ans, contrairement aux malgaches de même âge que lui, avait un rôle non négligeable dans la capitale. L’âge et l’expérience vécue dans les années cinquante se sont combinés pour donner un homme persévérant et perspicace. «Durant toute ma vie, je n’ai jamais cessé de perdre espoir» confirme-t-il.
En 1969, il fonde à la fois l’Adecma-Kmtp son parti politique et son journal «Fiaraha-miasa». Jeune et actif, il réuni des milliers d’adhérents. Mais il doit faire face à un président de la République qui a connu son apogée. Toute fois, le jeune homme de 33 ans ne baisse pas les bras. Ami de Monja Jaona, entouré par les opposants du parti au pouvoir, avec l’effet de groupe, il devient un des acteurs qui a marqué le début de la fin de la première République Malgache.
Le début des années 1970 était très mouvementé dans la Grande Ile. Le régime de Tsiranana semble ébranlé par les opposants. Homme de terrain, en 1971, lors d’une insurrection paysanne dans le Sud, il était dans la région avec Monja Jaona. Par conséquent, il s’est fait arrêter. Une fois libéré, il prépare une autre stratégie. En 1972, barbe au visage, 13 ans plus jeunes que le président sortant, il dépose sa candidature à la course de la magistrature suprême. Néanmoins, la constitution stipule que l’âge minimum requis est de quarante ans. Or, Solofo Norbert Randriamorasata avait deux ans de moins. De ce fait, sa candidature a été refusée. Philibert Tsiranana est contraint de démissionner suite aux évènements de mai 1972. Solofo Randriamorasata, quant à lui a pris deux ans d’écart pour mieux sauté. Il retourne dans la scène politique à la veille de la deuxième république.
Fonction élu. A 41 ans, il s’est fait encore arrêté par le pouvoir en place. Après quatre mois de prison, il décide de poser sa brique dans le gouvernement. Dorénavant, il est désigné comme conseiller suprême de la révolution. Elu député en 1977, il s’est occupé de plusieurs fonctions tout au long de la deuxième République. La fin des années quatre-vingt était un tournant de l’histoire dans le monde. Tous les régimes communisants sont renversés. Cela a une répercussion à Madagascar, puisque le président de cette époque était de coté de l’union soviétique. En 1991, la deuxième République de Didier Ignace Ratsiraka touche à sa fin. Randriamorasata s’est fait éjecté de son siège. Depuis, il se consacrait dans sa vie professionnelle. Il s’éloigne de la vie politique proprement dite. Dès lors, il fonde Ryno-Rabe, une entreprise de pisciculture, d’aquaculture. En travaillant en tant qu’operateur économique, Solo il s’intéresse toujours à la vie politique de son pays.
Ancien député et conseiller suprême de la révolution, président fondateur du parti Udecma-Kmtp, président fondateur du journal « Fiaraha-miasa », délégué de son parti au sein de l’international démocrate à Bruxelles, président du comité exécutif du club des journalistes doyen, Norbert Solofo Randriamorasata est l’ainé des 36 candidats. C’est un homme témoin des évènements qui se sont succédé à Madagascar. De l’époque de BLU jusqu’ à la génération facebook, Randriamorasata a vu le progrès technique dans le monde en général et à Madagascar en particulier. Malgré son âge, il garde toujours l’espoir. Il a vu ses frères d’arme partir et ses contemporains tournés le dos. « Peut être que je n’ai pas accompli ma mission» dit-il.
Témoin occulaire de 1947, de la déclaration de l’indépendance de

Madagascar, acteur des évènements de 1972 au coté de Manandafy Rakotonirina, victime de la manifestation populaire de 1991, spectateur des évènements 2002 et de 2009, ce personnage a traversé les périodes.
Iss Heridiny