
On assistera dans les jours qui viennent à un duel politique à distance entre l’ancien président et son tombeur lors du coup d’Etat de 2009.
La campagne électorale pour les Communales du 31 juillet est désormais devenue l’affaire des chefs de file pour le TIM et le Mapar. Visiblement, le chef de file du Mapar Andry Rajoelina ne peut pas abandonner seuls les candidats de son groupement face au succès populaire de Marc Ravalomanana qui ne ménage pas ses efforts pour faire gagner les candidats du TIM. Les deux hommes ne vont pas adopter le même style durant la campagne. D’ailleurs, ils n’ont pas eu le même bilan quand ils étaient encore au pouvoir. Spécialiste de l’événementiel, l’ancien président de la Transition est un habitué de grand « show », tandis que l’ancien président Marc Ravalomanana dont les « zava-bita » ne sont plus à démontrer durant ses mandats à la tête du pays vont axer sur du concret la campagne de ses poulains pour les jours qui restent. C’est pour cette raison que la candidate du TIM à la mairie d’Antananarivo, Lalao Ravalomanana, évite les palabres et les débats politiques stériles. Elle choisit de convaincre les Tananariviens sur ses programmes qui prévoient la construction des infrastructures dont aura quotidiennement la population de la Capitale après les élections. Pour sa part, Andry Rajoelina envisage d’organiser des grands « show » électoraux dans les grandes villes où le Mapar et l’Armada présentent des candidats. Ce sera à travers ces grands « show » que l’ancien président de la Transition va démontrer qu’il reste populaire même s’il n’est plus au pouvoir.
Deux bilans. Avec l’entrée en lice de Marc Ravalomanana et d’Andry Rajoelina, ce sont ces derniers que les électeurs iraient juger et non les candidats qu’ils soutiennent. Ce jugement pourrait porter sur les bilans des deux hommes quand ils étaient encore aux commandes du pays. Marc Ravalomanana sera noté par rapport à ce qu’il avait réalisé durant ses 7 ans de règne. 7 ans de règne où l’actuel président national du TIM a pu faire décoller l’économie du pays, avec notamment la construction de nouvelles routes. C’est probablement pour cette raison que le fameux « Amboary ny lalana eto Madagasikara » reste plusieurs années après le solgan du parti « Tiako I Madagasikara ». Le décollage économique boosté par Marc Ravalomanana a été anéanti par le changement inconstitutionnel de 2009. Changement qui a propulsé au pouvoir Andry Rajoelina. A entendre actuellement le président national du TIM, il veut rattraper avec l’appui des bailleurs de fonds internationaux le retard de développement causé par une longue transition de 5 ans. Durant ces 5 ans, Madagascar a été rejeté sur tous les plans par la Communauté internationale. L’économie du pays a catastrophiquement régressé. Une situation dont le nouveau régime de la Quatrième République hérite jusqu’à présent. Quoi qu’il en soit, en entrant dans la campagne électorale, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina visent le même objectif : gagner les Présidentielles de 2018. Plus le TIM et le Mapar ont des maires, plus ils seraient bien partis pour affronter dans trois ans une nouvelle élection présidentielle.
Au-dessus de la mêlée. Contrairement à ces chefs de file du TIM et du Mapar, le président de la République Hery Rajaonarimampianina a choisi de rester au-dessus de la mêlée durant la campagne électorale. Il ne sera pas donc aux côtés des candidats du HVM. Cela ne veut pas dire qu’il ne les soutient pas. Le président de la République veut être le « raiamandreny » de tous les Malgaches. Un « raiamandreny » qui est toujours prêt à dialoguer avec tout le monde. Malgré le choix de Hery Rajaonarimampianina, le parti au pouvoir envisage de rafler la mise au soir du 31 juillet. Pour cela, le HVM mobilise au grand maximum ses hommes dont ses ministres qui sont autorisés de faire campagne. Ces ministres HVM sont coachs dans leurs régions d’origine. L’objectif de 1 000 maires a été lancé. Le parti au pouvoir n’a pas droit à l’erreur. Perdre les Communales du 31 juillet, c’est risquer une instabilité politique encore pire que celle qui se produit à l’Assemblée nationale. Mais, gagner les Communales permettrait au HVM de dominer le Sénat. En tout cas, rien n’est gagné d’avance, ni pour le TIM, ni pour le HVM et ni pour le Mapar. D’ailleurs, les candidats ont encore 10 jours pour convaincre les électeurs.
R. Eugène