
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié, en début de semaine, un rapport détaillant les progrès et voies possibles pour limiter le réchauffement global à 1,5°C, et appelle à des changements radicaux.
Le réchauffement climatique fera basculer des millions de personnes en Afrique dans la pauvreté et la faim. Tels sont en effet les conséquences pour l’Afrique d’une hausse de la température. Avec seulement 1,1 °C de réchauffement au niveau global, les récoltes et le bétail à travers l’Afrique sont touchés, et la faim progresse. Les paysans pauvres avec des petites surfaces dans les zones rurales font partie des populations les plus touchées.
Au niveau mondial, le GIEC tire la sonnette d’alarme, les engagements des États pour limiter cette hausse étant nettement en dessous du niveau nécessaire. Dans son dernier rapport publié le 8 octobre 2018 à Séoul en Corée du Sud, ce groupe d’experts partage ses conclusions sur l’impact d’un réchauffement de 1,5°C de la température de la planète par rapport aux niveaux préindustriels : le seuil de 2°C en dessous duquel le réchauffement devra rester, selon les engagements pris lors de l’Accord de Paris en 2015, est insuffisant.
Se contenter des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris condamne le monde à un réchauffement de 3°C. Et pourtant, au rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement climatique pourrait atteindre 1,5°C dès 2030. Pour l’Afrique, fixer la limite du réchauffement à 2°C conduirait des populations entières à leur perte. La mise en œuvre dans les plus brefs délais de la révolution des énergies renouvelables représente le salut.
Espoir. Les experts du GIEC avancent que, pour maintenir le réchauffement à 1,5°C, les émissions de CO2 devront chuter de 45% d’ici à 2030, et d’ici à 2050, la planète ne devra plus répandre dans l’atmosphère plus de CO2 qu’elle ne peut en absorber.
Pour l’heure, il reste un espoir de rester sous ce seuil. Ce sera cependant au prix de changements urgents d’une ampleur que le GIEC qualifie de « sans précédent ». Cela inclut la nécessité absolue pour l’industrie et tous les secteurs partout dans le monde de réduire les émissions de carbone. Autrement, la planète s’achemine vers une catastrophe climatique certaine. D’après les auteurs du rapport, cela demandera l’utilisation de nombreuses technologies pour stocker le CO2 ; des changements de comportement afin de réduire au maximum les émissions de gaz à effet de serre ; et des investissements beaucoup plus importants. Ainsi, pour limiter la hausse des températures à 1,5°C, il faudra rapidement procéder à la suppression du CO2 de l’atmosphère à travers les activités de reboisement, le développement des bioénergies associées aux techniques de capture et de stockage de carbone, la gestion des sols, etc.
Pauvreté et faim. La vie de millions d’individus sur le continent africain est en jeu. Ces dernières décennies, les sécheresses et les inondations ont entravé le développement du continent africain qui, pourtant, pollue le moins. A cause des variations climatiques et des systèmes agricoles inefficaces, la production agricole souffre. Une situation à l’origine de l’insécurité alimentaire. Pour Apollos Nwafor, directeur panafricain au sein de la confédération internationale Oxfam luttant contre l’injustice de la pauvreté, « le phénomène El Niño de 2016, qui a été renforcé par les effets du changement climatique, a mis à mal la production agricole pluviale et mis plus de 40 millions d’africains en situation d’insécurité alimentaire. En l’absence d’action urgente pour réduire les émissions mondiales, la fréquence des chocs et stress climatiques en Afrique devrait augmenter fortement ».
En effet, avec un réchauffement inférieur à 2°C d’ici les années 2050, la production agricole totale en Afrique pourrait être réduite de 10%. A 2°C de réchauffement, des chaleurs extrêmes jamais connues auparavant pourraient affecter 15% de la superficie territoriale de l’Afrique sub-saharienne à la saison chaude, provoquant des décès et compromettant la capacité des agriculteurs à produire des cultures.
Recueillis par Hanitra R.