
Madagascar dispose actuellement de 1 766 enseignants-chercheurs et de 333 chercheurs-enseignants. Le manque d’enseignants fait toujours pourtant partie des problèmes majeurs des universités du pays. Le ministère de tutelle envisage de recruter 600 à 750 enseignants dans les trois prochaines années.
« J’ai envoyé une lettre de demande de recrutement de 600 enseignants pour cette année, ou l’année prochaine, auprès du ministre en charge de l’Economie et des finances. L’on attend la réponse de celui-ci ». Ce sont là les propos d’Assoumacou Béatrice, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique lors d’un face-à-face avec les députés au Centre de Conférences International Ivato jeudi dernier. Propos qui soutiennent la doléance des élus malgaches sur la nécessité de renforcer l’effectif au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Si le manque d’enseignants auprès de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique n’est plus à démontrer, les conséquences, elles, méritent d’être connues. Assoumacou Béatrice a rappelé à l’assistance durant son allocution que le manque d’enseignants constitue une entrave majeure. Et cela est, en partie, source des manifestations estudiantines dans les universités du pays. « Des étudiants ne peuvent, par exemple, pas effectuer leur soutenance de mémoire pendant trois à quatre années à cause de la limitation du nombre des encadrements (8 à 12) qui pèse sur les enseignants », a interpellé la ministre. Avant d’ajouter que « les problèmes de débordement d’heures complémentaires » observés dans toutes les universités du pays empirent la situation. Outre ces faits souvent décriés, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique a également soulevé le problème de l’autonomisation des établissements universitaires. « La loi stipule que, pour être autonome, un établissement universitaire devrait avoir quatre enseignants et plus ». Ce qui n’est pas forcément le cas dans la pratique; d’où le rattachement de nombreux établissements à des universités au lieu que ceux-ci soient autonomes.
Petit-à-petit. La prise de parole d’Assoumacou Béatrice a également permis de savoir que la lettre de demande de postes envoyée auprès du ministère de l’économie et des finances s’inscrit dans un esprit « d’anticipation »; mais surtout « dans l’objectif de résoudre, une bonne fois pour toutes, les problématiques inhérentes au microcosme de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ». Ainsi, le recrutement – si le feu vert est donné par le ministère en charge de l’économie et des finances – devrait se faire dans les deux à trois prochaines années. « Nous pourrons enfin résoudre les problèmes inhérents aux universités, mais surtout à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique, si nous obtenons l’autorisation de procéder au recrutement de 600 à 750 enseignants dans les trois ans à venir », a rassuré la ministre. La réalisation de ce projet concorde également à l’ambition du Président de la République de mettre en place des universités de proximité dans toutes les régions du pays. Outre le projet de recrutement des enseignants, Assoumacou Béatrice a également rappelé qu’il n’est pas faisable pour son département – pour le moment – de procéder à la définition des dates de la rentrée universitaire pour l’année 2019-2020. Une initiative qui reste tributaire de l’évolution de la situation de la crise sanitaire liée au Covid-19 – mais surtout pour limiter la propagation de la maladie à Madagascar – selon toujours les explications d’Assoumacou Béatrice. Un tel projet devrait ravir les dépositaires de demande de recrutement auprès du ministère de tutelle.
José Belalahy