Le secteur de la rédaction en ligne pour le web connaît un regain de force durant cette crise sanitaire. Une situation qui profite à la fois aux auteurs Malgaches œuvrant déjà dans le milieu et aux nouveaux venus à la recherche d’une nouvelle source de revenus en raison de l’arrêt temporaire de leurs activités professionnelles.
Arrivé en masse à Madagascar il y a dix ans de cela, le métier de rédacteur en ligne a attiré bon nombre de Malgaches qui y ont trouvé un moyen de se faire beaucoup d’argent en rédigeant des contenus pour des blogs et des sites Internet étrangers. Pour 0,02 à 0,06 centime le mot, un rédacteur peut gagner entre 10 et 30 euros en écrivant un article de 500 mots. Ce qui est alléchant pour le rédacteur local qui, en convertissant cette somme, touche à peu près 80 000 ariary pour un article de 500 mots. Or, un auteur peut produire jusqu’à 2 000 mots par jour, soit environ 320 000 ariary au quotidien. Et ce n’est certainement pas les demandes qui manquent dans ce secteur depuis ces dix dernières années. Si, au départ, ce sont surtout les « Freelancer » qui accaparaient ce marché, l’idée de créer une agence de rédaction est vite née. Et depuis, elles sont une centaine dans la capitale Antananarivo à employer des rédacteurs capables de rédiger 3 000 mots par jour et payer approximativement dans les 300 000 à 600 000 ariary par mois selon chaque boîte. Un salaire motivant dans un pays où il est presque rare de gagner un tel revenu mensuel. C’est d’ailleurs ce qui explique l’engouement des jeunes pour ce métier.
Robots à écriture. Les compétences requises pour devenir rédacteur web francophone se résument en général à la maîtrise du français à l’écrit et à la connaissance des règles d’optimisation vis-à-vis des moteurs de recherche ou SEO. Mais même si plusieurs sociétés étrangères ont choisi d’externaliser dans la Grande île, certains clients commencent à se plaindre de la qualité des produits livrés par les auteurs malgaches. « J’ai l’impression que vous êtes des robots à écriture. J’ai arrêté de confier des missions à certains auteurs en raison de la qualité des articles qui sont parfois médiocres. Ce qui est étonnant parce que les Malgaches parlent très bien le français. Peut-être est-ce dû à l’appât du gain ? Ils cherchent à produire une grande quantité d’articles et ne prêtent plus attention à la qualité rédactionnelle ? », nous a évoqué un Marocain dont les offres de rédaction pour les Malgaches sont toujours d’actualité en ce moment.
Décalage honoraire. Si une société décide d’externaliser ou de sous-traiter ses prestations dans un autre pays, c’est pour réduire le coût de la main-d’œuvre. Une offre de rédaction de contenus affichant une rémunération à 17 euros l’article de 1 000 mots est considérée comme une insulte en France, tandis qu’elle représente une aubaine pour l’auteur local. Certes, le coût de la vie dans les deux pays n’est pas le même mais le rendu et le volume de travail demandé sont presque pareils. Pour un « freelancer » qui travaille pour son propre compte, le tarif est négociable s’il s’entretient directement avec le client. Mais pour celui qui passe par un intermédiaire ou une agence, il doit se plier à la rémunération de 15 à 30 ariary le mot. La question est : est-ce l’agence ou la personne en contact direct avec les clients étrangers qui brade le prix au mot ou bien est-ce qu’il y a une surexploitation des rédacteurs dans ce secteur ? En tout cas, ce qui est certain, c’est que les rédacteurs malgaches qui peuvent gagner une dizaine de millions par mois ne s’en plaignent pas.
Anja RANDRIAMAHEFA