Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, les deux anciens chefs d’Etat, n’ont manifestement pas envie d’entrer dans le jeu politique institué par le régime qui déclare vouloir donner à l’opposition un statut officiel. Les textes l’instituent, mais ces grandes figures emblématiques n’entendent pas se laisser brider par des règlements et veulent garder leur liberté pour pouvoir agir comme bon leur semble.
Le refus d’une opposition officielle
Ce refus de prendre la place d’opposant prévue par les institutions s’explique par une certaine méfiance éprouvée par ces deux leaders charismatiques de la scène politique malgache. Marc Ravalomanana, en fin politique, ne s’est jamais opposé ouvertement au régime du président Hery Rajaonarimampianina. Il n’a jamais cessé de déclarer qu’il était contre les troubles et qu’il voulait une véritable stabilité politique. Mais cela ne l’a pas empêché à plusieurs reprises de hausser le ton envers le pouvoir, mais il n’est jamais allé au-delà de ses déclarations. Il n’a jamais soutenu les velléités de révolte des dirigeants d’une opposition contestataire comme « Mitsangàna Ry Malagasy ». Les députés de son parti TIM ont gardé leur libre arbitre à l’Assemblée nationale. Leur groupement n’a jamais demandé le statut d’opposant officiel comme l’aurait certainement voulu le pouvoir. Ce sont les dirigeants de partis de moindre importance comme Hajo Andrianainarivelo qui ont décidé de prendre cette place laissée vacante. On sait ce qu’il en a été et le camouflet essuyé par cet homme politique qui a été snobé par le président de l’Assemblée nationale est significatif du peu d’estime manifesté à son égard. Andry Rajoelina, quant à lui, a refusé de participer à ce qu’il considère comme un jeu de dupe. Le MAPAR qui estime avoir porté au pouvoir Hery Rajaonarimampianina n’a pas été payé en retour et il a été totalement marginalisé. Il n’a pas cessé de manifester son opposition au régime actuel. Le pouvoir fait tout pour le brimer et l’empêcher d’émerger. L’arrestation d’Augustin Andriamananoro en est un signe évident. La scène politique est dominée aujourd’hui par un parti dominant, le HVM. Il n’existe pas « d’opposition de sa Majesté ».
Patrice RABE