L’arrestation d’Augustin Andriamananoro, l’un des hommes forts du MAPAR, apparaît comme un pavé dans la mare d’autosatisfaction du régime après le Sommet de la francophonie et la conférence des bailleurs de fonds à Paris. Le pouvoir, en agissant ainsi, semble sûr de son fait et est bien décidé à éliminer toute forme de contestation.
Un régime décidé à éliminer la contestation
Le régime a rondement mené sa campagne de communication après la réussite des différentes grandes réunions internationales et l’octroi des milliards de crédit par les bailleurs de fond. Il peut se prévaloir de la reconnaissance de la communauté internationale et doit donc maintenant estimer que rien ne doit gêner son action pour le redressement du pays. L’opposition, dans sa grande majorité, est réduite à l’impuissance, mais il existe cependant certains irréductibles qu’il faut neutraliser. C’est ce qui a été commencé. La perquisition du domicile du sénateur Lylison faite récemment s’apparente à une manœuvre d’intimidation. Ce dernier n’était pas là, mais il sait maintenant à quoi s’en tenir. Augustin Andriamananoro, après sa participation active aux manifestations de Soamahamanina, était sous le coup d’un mandat d’arrêt. Sa maison a été elle aussi perquisitionnée et on a déclaré qu’il était introuvable. Entre-temps, l’affaire s’est tassée et l’ancien ministre est réapparu. Il n’a pas été inquiété et il a certainement pensé que les autorités voulaient un certain apaisement avant les différents événements internationaux à venir. Mais cela ne l’a pas empêché de continuer son activité politique au sein du MAPAR. Le pouvoir a donc décidé de le cueillir par surprise. C’est sans aucune résistance qu’il a été emmené par les militaires lors des funérailles de sa belle mère. Les réactions ont été partagées après cette arrestation. Les uns ont été offusqués du manque de respect vis-à-vis de l’ancien ministre et de sa famille. D’autres ont souligné qu’il n’y a eu aucune violence et que ce dernier n’a pas été arrêté sans raison. On doit cependant maintenant suivre avec attention le comportement des autorités et voir si les droits de l’ancien ministre sont respectés. Le régime ne s’embarrasse plus de la légalité quand il veut neutraliser les personnalités qui le gênent.
Patrice RABE