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lundi, juin 16, 2025
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Restauration nomade : Selesy le « trois étoiles » des beignets récompensés

Selesy dans ses œuvres avec sa boutique reliftée et un ciel bleu en toile de fond

Dans une capitale où vols à main armée, mendiants désemparés, immondices nouveaux décors urbains, enjeux politiques nauséabonds… Selesy, icône de la « culture food » arrive encore à créer cette envie de se réapproprier Antananarivo, la ville des Milles. Une nécessité.   

Depuis hier, l’ancien box en bois de Selesy, ou Célestin Randrianarivony dans l’état-civil, situé à Ambohijatovo Ambony, a été rénové en une structure métallique décorée par des graffitis quelques peu foutraques. Ambiance des grands jours avec orchestre « Bapampa » et grandes personnalités, mais le maître des lieux garde toujours son humour légendaire.

Ce jour, il ne l’a même pas osé rêver. Puisque l’équipe de Katro & Co, entreprise sociale créée par deux malgaches, a décidé d’appuyer ce trois étoiles des beignets de bananes. Pour faire court, Audrey Koloniaina Randriamandrato et Haja Fahaleovantena Razafindrasatrana ont lancé un « crowdfunding ». Une réussite.

« Notre premier objectif a été de faire un référencement des vendeurs de street food à travers Madagascar et Antananarivo. Ensuite, quand nous avons fait les prospections, nous avons constaté que le box de Selesy se dégradait, pourtant les gens s’y bousculaient. Cela veut dire que ses produits méritaient une place digne de son prestige », met en avant Haja Fahaleovantena Razafindrasatrana.

Trois étoiles. Ce 1er août 2019, Célestin Randrianarivony a fait une séance de dégustation pour l’inauguration de sa boutique reliftée. « Allez, et un pour le commissaire, on ne fait pas attendre un grand du quartier », « Oh Madame, je ne vends pas aujourd’hui, c’est de la dégustation et comme vous êtes arrivée, je ne vous laisserai pas repartir les mains vides », « Ah mes chers fidèles clients, patientez, je ne vous oublie pas ». Selesy possède le secret du verbe pour décontracter ses gourmets quand la file d’attente s’allonge.

Lui donnant la répartie, Erick Manana, présent lors de ce « relancement », a aussi dégainé son humour. « Pas de photo, c’est lui la vedette », rigole l’artiste. Les deux hommes sont des habitués du quartier, une complicité liée à ce lieu. Voilà comment Antananarivo, méconnaissable depuis une dizaine d’années, se réinvente, se réapproprie petit à petit son identité.

« Au fait, la culture urbaine est plus élargie, pas seulement de l’art, de la musique… Le fait que ce lieu est devenu un rendez vous des tananariviens qui démontrent une forme de culture urbaine », met en avant Haja Fahaleovantena Razafindrasatrana. Et d’ajouter, « nous allons formaliser le commerce de Selesy, les démarches sont maintenant en cours ». Dans tout cela, Célestin Randrianarivony ne débourse rien, sauf son éternel sens de la répartition et sa bonne humeur.

Erick Manana a tenu à féliciter son complice

Un exode forcé. Chaque matin, Célestin Randrianarivony descend au marché d’Analakely. « Ils me connaissent tous là-bas », annonce fièrement Selesy, avec le ton du conquérant. Au tout début, il y a une vingtaine d’années, il n’avait que 5 000 ariary en poche. « Dès que tout a été consommé, j’allais directement au marché pour me fournir des bananes et refaire une fournée. Ensuite, 5 000 ariary, c’est devenu 10 000, 15 000 et plus tard, ça s’est développé », ajoute-t-il. Il y a 25 ans, le « Trois étoiles » des beignets a migré de son Morarano Arivonimamo son pays natal, pour travailler comme « homme de ménage » à Antananarivo.

« Ma mère  était lessiveuse », se souvient-il. « Ce qui m’arrive aujourd’hui, je n’y ai jamais pensé. Alors mes projets d’avenir, je ne peux même pas m’exprimer sur mes dix prochaines années ».

Le palais de Selesy, c’est aussi devenu une référence de la restauration nomade auprès des gourmets de la capitale. Du haut de ses 41 ans, il n’a jamais pensé qu’avec ses 5 000 ariary du début, il en ferait un repère urbain. Un lieu inscrit dans la « culture urbaine ».

Maminirina Rado

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