Le président Hery Rajaonarimampianina risque aussi d’être victime de ces politiciens avides de « seza » après l’élection présidentielle de 2018.
« Sakaizan’ny mpandresy », littéralement les « amis des vainqueurs ». Ceci semble être le mot d’ordre de certains politiciens qui ont l’habitude de retourner leur veste suivant l’évolution de la situation, selon la réalité sur le terrain, mais aussi et surtout par rapport à leurs intérêts personnels. Bon nombre d’observateurs estiment que le pays vit actuellement une situation de pauvreté alarmante à cause du manque d’éthique et de déontologie des acteurs politiques. C’est également l’origine des crises cycliques qui frappent le pays depuis l’indépendance. Par ailleurs, cette politique du retournement de veste provoque aussi un manque de confiance des citoyens vis-à-vis des dirigeants. Plusieurs personnalités sont concernées par ce comportement. Parmi elles figurent entre autres, des membres du gouvernement, des parlementaires et même des techniciens au niveau des Ministères. Le président du Sénat, Honoré Rakotomanana est considéré comme le spécialiste du retournement de veste. Ce haut responsable change de langage à chaque changement de régime. Connu comme étant un proche de l’ancien président Didier Ratsiraka, le numéro Un de la Chambre Haute est désormais le plus grand défenseur des intérêts du HVM. D’ailleurs, il n’y a pas longtemps, Honoré Rakotomanana a reconnu son appartenance au clan des « ratsirakistes ».
Changement radical. Parmi les membres du Sénat qui changent sans cesse de couleurs politiques figure également le Vice-président de cette Institution élu pour le compte de la Province de Fianarantsoa, Riana Andriamandavy VII. Secrétaire général au Palais de Verre d’Anosikely et non moins président national de l’association des jeunes « Tiako i Madagascar » du temps du régime Ravalomanana, l’ancien Chef de la Région Haute Matsiatra a choisi d’observer un changement radical de couleur politique pour siéger au sein de l’instance dirigeante du parti au pouvoir. Désormais, le leader des jeunes TIM est le président national de l’association des jeunes HVM. Des membres du gouvernement sont également touchés par le syndrome du caméléon. Le ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Administration, Maharante Jean de Dieu est considéré comme le détenteur du record. Gouverneur de la Province autonome de Toliara durant la deuxième République, cet ancien partisan de l’AREMA a été ministre de l’Elevage, puis Vice-président du Conseil Supérieur de la Transition pendant l’ère Rajoelina. Il est parmi les députés élus sous les couleurs du MAPAR qui ont trahi l’esprit de la Révolution orange de 2009 pour obtenir une place au sein des gouvernements Kolo Roger, Jean Ravelonarivo et Mahafaly Olivier Solonandrasana. Même cas pour la ministre de l’Environnement, de l’Ecologie et des Forêts, Ndahimananjara Johanita qui figurait parmi les ministres préférés d’Andry Rajoelina durant la Transition.
Motion de déchéance. Jean Jacques Rabenirina et Toto Lydia Raharimalala, respectivement ministre de la Culture, de la Promotion de l’Artisanat et de la Sauvegarde du Patrimoine, et ministre de l’Emploi, de l’Enseignement technique et de l’Enseignement professionnelle ont également dirigé un portefeuille ministériel durant la période transitoire. Elu sous les couleurs du « Malagasy Miara-Miainga », Jean Jacques Rabenirina figurait parmi le noyau dur des députés anti-Rajaonarimampianina qui ont voté une motion de déchéance contre le président en 2015. Pourtant, depuis sa nomination, il a choisi d’opter pour la politique du silence au profit du HVM. De son côté, le Vice-ministre auprès des Affaires étrangères, chargé de la Coopération et du Développement, Bary Emmanuel Rafatrolaza n’est pas en reste. Initialement membre du parti « Asa Vita Ifampitsarana » (AVI), il a joué un rôle important durant la Transition, en tant que leader de la Mouvance Ravalomanana. En tout cas, la liste est encore longue. Plusieurs acteurs politiques sont concernés par le retournement de veste. Le président Hery Rajaonarimampianina risque aussi d’être victime de ces politiciens avides de « seza » après l’élection présidentielle de 2018 car actuellement, bon nombre de ces « sakaizan’ny mpandresy » figurent encore dans son entourage.
Davis R